Abécédaire du projet architectural
Avec David Jolly, on a pensé à un bâtiment en briques, après s’être demandé quel était le matériau commun à tous les pays du monde et qui pourrait symboliser l’ensemble des langues orientales.
L'abécédaire d'Yves Lion
Lettre d’information de la BULAC # 3 (extraits) – octobre 2008
Extrait de l'entretien réalisé en septembre 2008 aux Ateliers Lion Associés - Paris XIVe, par Clotilde Monteiro
A comme architecturbaniste
Yves Lion s’autodéfinit comme « architecturbaniste ». Un mot valise en parfaite adéquation avec la démarche de ce mentor de l’aménagement urbain. L’intérêt collectif le passionne, l’espace public est son credo et il ne manque pas une occasion de le dire et de le démontrer. Selon lui, l’architecture d’aujourd’hui tourne en rond par excès de narcissisme. Résultat, elle produit des « objets architecturaux » spectaculaires, faute de maîtriser les phénomènes urbains. Yves Lion, quant à lui, préfère saisir le taureau par les cornes. Il poursuit notamment un rêve qui deviendra peut-être réalité : en finir avec la coupure entre Paris et la banlieue. « Le périphérique devrait être le centre de Paris et non sa limite ». Les idées, le travail d’Yves Lion et son attachement à définir en priorité l’espace public rencontrent aujourd’hui un écho... (lire la suite du portrait p. 3, Lettre d'info # 3).
B comme bibliothèque
Avec la BULAC, la question à laquelle il faut trouver des réponses est plutôt : est-ce qu’on va pouvoir s’approcher d’une fenêtre pour lire ? Le fait de prendre un livre et de s’approcher de la lumière pour le lire est un jeu. Ce n’est pas moi qui aie inventé le concept, c’est l’architecte américain Louis Kahn. Ce système-là est valable pour toutes les bibliothèques du monde, y compris la BULAC, sur laquelle se superposent les amphis de l’Inalco.
B comme brique
Avec David Jolly, on a pensé à un bâtiment en briques, après s’être demandé quel était le matériau commun à tous les pays du monde et qui pourrait symboliser l’ensemble des langues orientales. Maintenant, il nous reste à déterminer la couleur de cette brique. Le débat est ouvert, rien n’est encore arrêté.
C comme chantier
Le chantier vient de commencer (…). On n’a pas abordé la phase qui consistera à définir l’ambiance à l’intérieur des locaux. Si du côté de l’Inalco, on est satisfait des amphis, l’ambiance à l’intérieur de la BULAC reste à trouver. Les grandes lignes et la structure du bâtiment étant définies, il nous reste à lui conférer une atmosphère. On aura besoin d’aller observer les premiers espaces, les premiers poteaux de l’infrastructure pour voir comment la lumière pénètre ; il faudra confronter nos idées avec la réalité.
E comme environnement (du bâtiment)
Le projet BULAC, on en est très fier car il résiste dans le temps. Les bâtiments alentour ou l’environnement du périphérique et de la porte d’Ivry ont en l’occurrence une influence sur notre travail. Je trouve l’environnement immédiat plutôt confortable. La parcelle est protégée par la rue Cantagrel d’un côté et cette nouvelle rue des Grands Moulins de l’autre qui devient un pont qui permet d’enjamber la voie ferrée. Avec la rue du Chevaleret qui est en contrebas, on a une situation topographique passionnante. L’idée c’était d’exploiter ce porte-à-faux en essayant de jouer avec l’infrastructure et notamment ce nouveau pont.
L comme Le Corbusier
Le terrain du pôle des langues jouxte le bâtiment de l’Armée du Salut conçu par Le Corbusier. Nous n’avons pas cherché à faire comme Corbu ou à rivaliser. Corbu, c’est sacré. (…) L’Armée du Salut, c’est un bâtiment extraordinaire. Il a représenté une révolution dans la conception des espaces intérieurs de ce genre d’habitation en permettant à un maximum de personnes de dormir dans des conditions extrêmement réduites mais dignes. C’est magnifique, on a Le Corbusier qui surveille ! Et entre nous un jardin.