Domaine albanais
Malgré sa taille modeste, le domaine albanais constitue un fonds de qualité et inclut un certain nombre de documents rares. Le fonds compte plus de 2 600 ouvrages et une dizaine de revues. Les ouvrages en langue albanaise représentent environ 70 % de la collection et couvrent les publications en Albanie, au Kosovo et en Macédoine du Nord.
Présentation générale
L’albanais est parlé par environ 7 millions de locuteurs dans le monde, sur un territoire englobant l’Albanie, le Kosovo, le Monténégro, la Macédoine du Nord et la Grèce. Malgré sa taille modeste, le domaine albanais de la BULAC est constitué d’un fonds de qualité de plus de 2 600 ouvrages, incluant un certain nombre de documents rares ainsi qu’une dizaine de revues.
Constitution du fonds
La collection albanaise de la BULAC est issue de la réunion de deux fonds, l’un provenant de la Bibliothèque interuniversitaire des langues orientales (BIULO) et l’autre d’un dépôt de près de 150 ouvrages effectué par la bibliothèque du Centre d’études slaves (CES). La constitution du fonds de la BIULO est étroitement liée à la présence de Mario Roques (1875-1961), enseignant de roumain à l'École des langues orientales, qui fut le premier à y enseigner l'albanais à partir de 1932.
Entre 1950 et 1990, l’accroissement de ce fonds est dû à la politique volontariste de dons menée par le régime communiste. La bibliothèque de l’École était ainsi alimentée par des envois réguliers, provenant principalement de la Bibliothèque de l’Académie des sciences d’Albanie et de la Bibliothèque nationale de Tirana. Ces envois étaient essentiellement constitués d’ouvrages de propagande, tels que les écrits d’Enver Hoxha, des oeuvres littéraires, des revues et des périodiques comme Studia Albanica pour la linguistique, et d’autres publications scientifiques dans le domaine de l’ethnologie ou de l’histoire, fortement marquées par l’idéologie communiste. À cette époque, l’édition était exclusivement étatique.
Par la suite, le fonds s’est développé et diversifié grâce aux dons d’enseignants et de chercheurs, notamment la riche collection de la linguiste et traductrice Christiane Montécot (1952-2001), et par des achats réguliers effectués depuis les années 2000. L’accroissement du fonds est désormais régulier et constitue un ensemble documentaire cohérent en littérature, histoire, linguistique et sciences sociales.
Fonds ancien
La rareté et la qualité des documents rassemblés à la BULAC, en albanais ainsi qu’en langues occidentales, font des collections albanaises un ensemble unique à Paris.
Le fonds recèle quelques éditions anciennes et très rares, en langues occidentales. On y trouve également des ouvrages sur le héros national albanais, Georges Castriote Scanderbeg, comme celui rédigé par Marino Barletio, entre 1508 et 1510, Historia del magnanimo et valoroso signor Georgio Castrioto detto Scanderbego ...1, publié à Venise en 1560, et dont la BULAC conserve des éditions en italien, en portugais et en espagnol. Il faut également mentionner le livre de Paolo Giovio, Commentario de le cose de Turchi et del S. Georgio Scanderbeg ...2, publié à Venise en 1541, ainsi que celui de Philipp Lonicer, Chronicorum Turcicorum in quibus Turcorum origo ...3, édité en Allemagne en 1578 et relatant dans son troisième tome, la vie de George Kastrioti, ici surnommé Skanderbeg.
- 1 Historia del magnanimo et valoroso signor Georgio Castrioto detto Scanderbego, dignissimo principe degli Albani / Marino Barletio ; Dal latino in lingua italiana per Pietro Rocca novamente tradotta, 1560, Venise.
- 2 Commentario de le cose de Turchi et del S. Georgio Scanderbeg, principe di Epyrro con la sua vita, et le uittorie per lui fatte, con l'aiuto de l'altissimo lio, et le inestimabili forze, et virtu di quello, degne di memoria, 1541, Venise.
- 3 Chronicorum Turcicorum in quibus Turcorum origo, principes, imperatores, bella, praelia, caedes, victoriae, reique militaris ratio, et caetera huc pertinentia. Francoforti ad Moenum : Apud Iohannem Feyerabendt, impensis Sigismundi Feyerabendt, 1578, Allemagne.
Les publications les plus anciennes en langue albanaise datent de la fin du XIXe siècle, époque à partir de laquelle fut adopté l’alphabet albanais moderne (utilisant l’alphabet latin). Elles étaient éditées hors des frontières, notamment à Constantinople, à Bucarest ou à Salonique. La BULAC conserve ainsi les Quatre évangiles, Katër ungillet1, traduits par Konstantin Kristoforidhi, et l’un des premiers abécédaires albanais, Abetar Skip2. Ces deux ouvrages ont été publiés en 1872 à Constantinople.
- 1 Christophorides Konstantinos, Katër Ungillet' e zotit eδe še̥ĺbŭesit t'ṳne̥ Iesu Kris̆tit, ede Pune̥t' e apŏstuyvet, 1866, Constantinople.
- 2 Kristoforidhi Kostandin, Abetar Skip, 1872, Constantinople.
Il convient également de noter la présence dans nos collections de plusieurs numéros du journal Dielli (Le soleil) couvrant la période de 1920 à 1935. Publié à Boston à partir de 1919 par une importante association de la diaspora aux États-Unis, ce journal est le plus ancien titre de presse albanaise encore en activité. Soutenant les revendications nationales d’une Albanie venant de proclamer son indépendance de l’Empire ottoman (1912), Dielli visait à sauvegarder les traditions, la culture albanaise, et notamment la littérature, et à promouvoir la réussite de la diaspora vivant aux États-Unis. Les fondateurs du titre, Faïk Konitza ou de Fan Noli, étaient des figures de la vie intellectuelle albanaise de l’époque.
Composition du fonds
Les ouvrages en langue albanaise représentent environ 70 % de la collection et couvrent l’édition en Albanie, au Kosovo et en Macédoine du Nord. La littérature, l’histoire et la linguistique en sont les disciplines phares.
Le fonds comprend la grande majorité des ouvrages de littérature albanaise, publiés en Albanie et hors de ses frontières, parmi lesquels les œuvres complètes d’auteurs du XIXe siècle, comme Andon Zako Çajupi, Jeronim de Rada, Naim Frashëri et Pashko Vasa. Sont également présentes dans ce fonds les œuvres d’écrivains du XXe siècle tels que Mitrush Kuteli, Ismail Kadare, Fatos Kongoli, Dritëro Agolli, ainsi que celles d’auteurs contemporains vivant à l’étranger, comme Elvira Dones, Bessa Myftiu, Ornela Vorpsi, Gazmend Kapllani, etc.
À partir des changements de régime des années 1990, l’édition albanaise s’est fortement développée avec la création de maisons d’édition privées comme Onufri ou Plejad qui se sont empressées de publier de nombreuses traductions en albanais d’auteurs étrangers bannis par le régime de Hoxha. Pendant la période de transition démocratique, la production de publications à caractère scientifique, souvent issues d'instituts de recherche, est presque paralysée.
Des années 2000 à 2010, l’Albanie publie surtout des livres à caractère mémoriel rendant hommage aux écrivains emprisonnés par le régime communiste. Par ailleurs, les ouvrages de référence de plusieurs albanologues étrangers, ainsi que les œuvres de nombreux auteurs occidentaux, sont traduits et publiés en albanais. Enfin, des ouvrages d’analyse sur la période du communisme, les persécutions politiques et le réalisme socialiste voient également le jour.
Parmi les nouvelles acquisitions, plus ouvertes sur les évolutions des pays balkaniques et des populations albanophones, figurent des études récentes de sociolinguistique, d’ethnologie ou de sciences politiques concernant l’émigration albanaise, la question du nouvel État du Kosovo et, plus largement, la question de l’identité albanaise dans les Balkans. Des revues en albanais comme Acta Studia Albanica, également disponible en ligne, sont accessibles en salle de lecture, sous la cote 15AL, ainsi que sous les cotes 16MK et 16XK pour les ouvrages édités en Macédoine du Nord et au Kosovo.
Consultez également les ressources sélectionnées par le chargé de collections du domaine albanais.
Dans le sillage de la table ronde sur la presse grécophone tenue en juin 2018, cette rencontre s’inscrit dans un cycle de séminaires co-organisés avec le réseau Transfopress, réunissant des chercheurs et des bibliothécaires autour de l’écriture de l’histoire de la...