Emanuela Garatti est ATER à l'École pratique des hautes études et post-doctorante au sein du Centre de recherche sur les civilisations de l'Asie orientale (CRCAO). Elle est historienne spécialiste du Tibet impérial. Elle est membre du conseil d'administration de la Société française d'études du monde tibétain (SFEMT).
Le tibétain sans peine ? Deux siècles d'apprentissage du tibétain
Alors qu'au XIXe siècle les Occidentaux se voyaient restreindre l'accès au Tibet, se développait en Europe l'intérêt pour la civilisation, la langue et l'écriture tibétaines. Tour à tour et parfois simultanément, les missionnaires, les orientalistes, les explorateurs, les représentants des empires coloniaux et enfin les universitaires ont proposé des outils didactiques pour apprendre le tibétain, ou plutôt les variétés du tibétain. L'Inalco a été le premier établissement du monde occidental à proposer un cours de tibétain, et ce, dès 1842. Cette exposition, organisée en partenariat avec la Société française d'études du monde tibétain (SFEMT), présente une sélection d'ouvrages (grammaires, manuels, études de dialectes et dictionnaires) qui reflètent la diversité des motivations et des approches pour l'apprentissage du tibétain, du XVIIIe au XXe siècle.
Commissariat
- Emanuela Garatti (EPHE)
- Rachel Guidoni (CNRS)
- Xénia de Heering (IAO/ANR Natinasia)
- Françoise Robin (Inalco)
Vitrines du rez-de-jardin, du lundi au samedi, de 10h à 20h
Entrée libre
Introduction
Le tibétain a figuré parmi les premières langues enseignées à l'École des langues orientales vivantes (futur Inalco), même si le statut exact du cours de langue, et son intégration à l'École, pose encore quelques questions non résolues. Philippe-Édouard Foucaux (1811-1894) en fut le premier enseignant, en 1842.
À l’époque de P.-É. Foucaux, l’apprentissage du tibétain n’était pas motivé par un intérêt ou une curiosité spécifique pour la civilisation du Pays des Neiges, ni par intérêt économique, et encore moins par des visées exploratoires (l’accès en était quasiment fermé aux Occidentaux depuis la fin du XVIIIe siècle). Mais le Tibet offrait, pour les érudits orientalistes d’alors, la promesse de l’accès à des textes bouddhiques initialement rédigés en sanskrit et irrémédiablement perdus, que ce soit en raison de la destruction des grandes universités bouddhiques du nord de l’Inde au XIIIe siècle, ou du climat du sous-continent indien, peu propice à la conservation des feuilles de latanier sur lesquelles ces textes avaient été en partie consignés.
En effet, les Tibétains s’étaient engagés, dès la fin du VIIIe siècle, et jusqu’au XIVe siècle environ, dans une des plus grandes entreprises mondiales de traduction qui soit. Les traductions en tibétain de ces textes sanskrits, standardisées et souvent très fidèles à leur original, permettaient de recomposer un patrimoine spirituel et littéraire autrement perdu. C’est pourquoi la connaissance de la langue tibétaine écrite présentait aux yeux des orientalistes occidentaux un intérêt important, en appoint de la connaissance du sanskrit. Mais la France, si elle fut la première à développer un enseignement formel de tibétain au niveau universitaire en Europe, n’était pas la pionnière de l’étude de cette langue.
On doit aux missionnaires chrétiens (catholiques puis protestants) l’intérêt initial pour la langue tibétaine, dans un évident but de conquête religieuse. Dans la première moitié du XVIIIe siècle, Orazio della Penna (1680-1745) composa ce qui allait devenir le premier dictionnaire de tibétain en langue occidentale (italien).
Cet ouvrage rare et méconnu ne figure pas dans les fonds BULAC mais a fait l’objet, le 1er juin 2023, d’une conférence de Federica Venturi, pour l’inauguration de l’exposition. En revanche, la BULAC détient le premier ouvrage missionnaire à offrir une présentation rudimentaire du tibétain, l’Alphabetum Tibetanum d’Agostino Antoni Giorgi (1762).
Mais le réel pionnier des études tibétaines fut sans conteste le Hongrois Sándor Kőrösi Csoma (1784-1842) qui offrit le premier une grammaire de tibétain en anglais, et un dictionnaire tibétain-anglais, en 1834. Sa motivation n’était pas celle d’un philologue sanskritisant, ni celle d’un missionnaire, mais celle d’un proto-linguiste à l’heure des nationalismes naissants en Europe. Kőrösi Csoma était en effet persuadé (à tort) que l’origine alors mystérieuse de la population et de la langue magyares était à chercher parmi les Huns, en Asie centrale. Ce polyglotte se mit en route vers l’est. Au bout de trois ans de voyage par voie de terre (1819-1822), il rencontre au Ladakh, sur le flanc sud de l’Himalaya, l’explorateur britannique William Moorcroft, qui l’encourage à apprendre le tibétain.
Kőrösi Csoma s’attelle à la tâche, espérant trouver dans cette langue l’origine du hongrois. Il s’établit en 1823 au Zanskar, vallée himalayenne au nord-ouest de l'Inde, où il consacra plusieurs années à comprendre le tibétain. Il composa ses deux œuvres majeures, une grammaire et un dictionnaire, en collaboration avec un moine bouddhiste dûment crédité. Aussitôt publiées, en 1834, elles parvinrent en Europe et déclenchèrent un intérêt pour le tibétain, notamment chez P.-É. Foucaux. Kőrösi Csoma s’éteignit quant à lui à Darjeeling, dans le nord-est de l’Inde, lors d’une dernière tentative infructueuse pour rejoindre la Mongolie via le Tibet. Ironie de l’histoire : c’est cette année-là que Foucaux démarra l’enseignement du tibétain à l’École des langues orientales.
Après la France, un enseignement du tibétain se développa dans le royaume de Prusse et dans l’empire tsariste. Puis ce fut au tour de l’empire colonial britannique de forger des outils pour l’apprentissage du tibétain, cette fois-ci pour des motifs géopolitiques et commerciaux : les Anglais qui avaient fait main basse sur l’Inde et rivalisaient alors avec l’empire russe pour la maîtrise de l’Asie centrale s’intéressaient de près au Tibet, qu’ils tenaient pour une forteresse à assiéger afin d’obtenir le passage commercial tant convoité jusqu’à l’empire chinois, dont l’accès par voie de mer leur était fermé.
Le monde tibétain faisant fi des frontières étatiques - c'est avant tout une aire culturelle et linguistique - il déborde au-delà de sa partie politique administrée alors par le gouvernement tibétain pour occuper un territoire non négligeable de l’empire des Indes, dans les piémonts méridionaux de la chaîne himalayenne. Là, les Britanniques recrutèrent des représentants de populations tibétophones comme espions à leur solde, qu’ils envoyèrent au Tibet sur le flanc nord de l’Himalaya dont l’accès était plus que restreint aux Occidentaux. Les ouvrages et objets que rapportèrent ceux qu’on appela des « pundits » permirent d’étoffer les connaissances sur la civilisation tibétaine, tandis que leurs connaissances linguistiques permirent la rédaction de manuels de langue tibétaine.
Cette entreprise impériale fut prolongée au début des années 1959 lorsque la toute jeune République populaire de Chine fit à son tour main basse sur le Tibet et fut amenée à publier les premiers dictionnaires tibétain-chinois depuis l’époque des manuscrits de Dunhuang (VIIIe s.).
Enfin, la découverte, au tournant du XXe siècle, de manuscrits historiques en tibétain sur la route de la Soie - sur laquelle l’empire du Tibet régna par intermittence entre le VIIe et le début du IXe siècle et où le tibétain était une lingua franca - va développer un intérêt européen académique pour l’histoire du Tibet. La science tibétologique se développe alors, se détachant peu à peu du sanskrit ou du chinois, et entraînant de nouvelles approches heuristiques ainsi que la création de nouveaux outils d’apprentissage du tibétain. La linguistique, enfin, s’emparera de la langue tibétaine pour en proposer une analyse de plus en plus poussée, balayant les premières tentatives (missionnaires, orientalistes, impériales) caractérisées par une lecture
du tibétain à la lumière soit du latin et du grec, soit du sanskrit. Ultime développement à ce jour, après le tibétain écrit, c’est le tour du tibétain parlé d’être étudié de façon croissante, dans sa diversité. On compte en effet près de langues tibétiques ou groupes de dialectes tibétains, dont seuls quelques-uns ont fait l’objet d’études approfondies et sont enseignés. L’exposition met en lumière quelques-uns des premiers ouvrages, issus du fonds de la BULAC, qui ont été consacrés à la description et à l’apprentissage de langues parlées tibétaines à partir de la fin du XIXe siècle.
Cette exposition est l’occasion de présenter une sélection des ouvrages didactiques conçus, rédigés et publiés entre la fin du XVIIIe siècle et le milieu du XXe siècle, qui reflètent les divers courants qui ont établi, au fil de deux cent cinquante ans, les outils permettant de se familiariser avec le tibétain, ou plutôt, les langues et dialectes tibétiques.
Dictionnaires
Les missionnaires chrétiens sont les premiers à compiler des dictionnaires bilingues tibétain-langue occidentale. Un projet de dictionnaire latin-tibétain par G. da Ascoli, F. M. de Tours et D. da Fano est lancé en 1708 mais n’aboutit pas (il est conservé à la Bibliothèque nationale1). Le frère capucin Orazio Della Penna, qui a vécu 16 ans à Lhasa, compile quant à lui au moins trois dictionnaires bilingues (deux tibétain-italien, un italien-tibétain, ibid.), mais les manuscrits, d’accès difficile, n’ont pas encore été étudiés. Le premier dictionnaire véritablement publié est le Dictionary of the Bhotanta, or Boutan Language, suivi d’une grammaire, et date de 1826. Il est l’œuvre posthume de F. C. Schroeter (-1820), polyglotte au service de la Church Missionary Society anglicane. Celui-ci s’était basé sur le dictionnaire manuscrit tibétain-italien de Della Penna. Ce dictionnaire volumineux, publié à Serampore (près de Calcutta) par la Baptist Mission Press, sera vite éclipsé par celui de Sándor Kőrösi Csoma (1784-1842) publié en 1834, qui formera avec la grammaire du même auteur une base solide pour l’étude du tibétain et de sa langue. La compilation de ces dictionnaires successifs se base principalement sur des travaux pré-existants, la tradition lexicographique tibétaine remontant au IXe siècle, avec la compilation du premier dictionnaire standardisé pour la traduction des textes sanskrits, appelé བྱེ་བྲག་ཏུ་རྟོགས་པར་བྱེད་པ་ཆེན་པོ། en tibétain.
- 1 John Bray, « Missionaries, officials and the making of the 1826 Dictionary of the Bhotanta, or Boutan language », Zentralasiatische Studien, 37, 2008, p.33–75.
Tibetisch-deutsches Wörterbuch, nebst deutschem Wortregister
Isaak Jakob Schmidt
Ce dictionnaire a été constitué sur la base de deux dictionnaires tibétain-mongol et d’un dictionnaire quadrilingue mongol-mandchou-chinois-tibétain (intitulés respectivement མིང་གི་རྒྱ་མཚོ།, « L’océan de mots » བོད་ཀྱི་བརྡ་ཡིག་རྟོགས་པར་སླ་བ། « grammaire tibétaine facile à comprendre », et སྐད་བཞི་ཤན་སྦྱར་བའི་མེ་ལོང་གི་ཡི་གེ། « Miroir des lettres en quatre langues »).
Schmidt est le premier en Occident à classer les mots selon l’ordre alphabétique tibétain, c’est-à-dire en fonction de la lettre radicale du mot (qui correspond tantôt à la première, la 2e ou la 3e lettre du mot). Ce choix permet de mieux mettre en évidence les mots apparentés, et en particulier, les flexions (passé, présent, futur, impératif) des verbes, qui sont indiquées systématiquement afin, précise-t-il, d’aider le lecteur sur ce point compliqué de la langue tibétaine. Il s’agit d’une amélioration majeure par rapport au dictionnaire de Kőrösi Csoma (1834).
Au moment de la parution, Schmidt envisageait une nouvelle édition, enrichie de nouveaux termes recueillis au fil de ses lectures. Cette seconde édition ne verra finalement pas le jour, mais, déplorant le manque de textes tibétains traduits en Europe (en dehors de la Russie), il publie en 1843 une traduction allemande d’un texte du བཀའ་འགྱུར། Kangyur, Dsanglun oder der Weise und der Thor; Aus dem Tibetanischen übersetzt und mit dem Originaltexte herausgegeben.
Dictionnaire thibétain-latin-français
Auguste Desgodins
Ce dictionnaire, compilé par Auguste Desgodins (1826-1913), est le fruit d'une collaboration entre plusieurs missionnaires et personnalités religieuses, notamment Pierre Gireaudau, qui corrigea et édita la version finale. Ce dictionnaire met l'accent sur la diversité des mots dans différents dialectes tibétains et donne les équivalents scientifiques de la flore et de la faune ainsi que les noms géographiques dans leurs différentes orthographes.
An English-Tibetan dictionary : containing a vocabulary of approximately twenty thousand words with their Tibetan equivalents
Lama Kazi Dawa Samdup
Ce dictionnaire anglais-tibétain contenant approximativement 20 000 mots, soit « presque autant que le Concise Oxford Dictionary », comme le note l’auteur dans sa préface, est l’œuvre de l’érudit sikkimais ཀ་ཛི་ཟླ་བ་བསམ་འགྲུབ། Kazi Dawa Samdup (1868-1922). Kazi Dawa Samdup étudie à la Bhutia Boarding School de Darjeeling, fondée en 1874 pour offrir une éducation à l’occidentale aux fils de l’élite locale, afin de les former aux métiers de l’interprétariat et du commerce. Cette école donnera naissance à une classe de sikkimais anglophiles, qui deviendront des collaborateurs privilégiés du gouvernement britannique1.
Kazi Dawa Samdup travaille ensuite comme interprète pour l’administration coloniale britannique, d’abord au Bhoutan, puis au Sikkim et à Darjeeling, mais aussi pour le gouvernement tibétain. Ses compétences en tibétain et en anglais font que les autorités font très souvent appel à lui lors de rencontres majeures, telles la Convention de Simla en 1914. En 1905, Kazi Dawa Samdup est nommé à la direction de la State Bhutia Boarding School for Boys de Gangtok, au Sikkim. Parallèlement à son travail d’interprète, Kazi Dawa Samdup étudie aussi le bouddhisme. Il aurait été un temps tenté par une carrière monastique, à laquelle il renonce sous la pression de sa famille. Animé par la volonté de faire connaître le bouddhisme tibétain, il s’adonnera cependant à la traduction de plusieurs textes bouddhiques du tibétain vers l’anglais, et c’est en tant que pionnier dans ce domaine qu’il demeure avant tout connu aujourd’hui, son nom étant rattaché aux versions anglaises de textes tels que Le livre des morts tibétain ou la Vie de Jetsun Milarépa. Kazi Dawa Samdup est un acteur important des réseaux de production de connaissances sur le monde tibétain dans le contexte de l’Inde britannique2. Il travaillera notamment avec des personnalités comme Charles Bell, Alexandra David-Néel ou l’anthropologue et orientaliste américain W.Y. Evans-Wentz, qui publiera en 1927 Le livre des morts tibétain. Herbert Bruce Hannah, dans la préface de son ouvrage A Grammar of the Tibetan Language (1912), indique que celui-ci est fondé sur des notes prises lors de cours donnés par son tuteur, Kazi Dawa Samdup3.
An English-Tibetan Dictionary: Containing a vocabulary of approximately twenty thousand words with their Tibetan equivalents paraît en 1919, après que KaziDawa Samdup a été nommé professeur de tibétain à l’Université de Calcutta. Dans sa préface, l’auteur explique avoir ressenti, depuis qu’il était écolier, le besoin d’un dictionnaire anglais-tibétain fiable. Plusieurs fonctionnaires coloniaux britanniques l’ayant encouragé à entreprendre la production d’un tel ouvrage, il démarre son travail de compilation en 1902. Il est confronté alors à des difficultés linguistiques (les « intraduisibles »), mais aussi économiques : les ouvrages de référence qu’il souhaiterait consulter (les dictionnaires de Kőrösi Csoma, de Jäschke et de Das) sont alors hors de sa portée, et ce n’est que lorsqu’il devient directeur de l’internat de Gangtok qu’il pourra y avoir accès. L’entreprise est ardue, mais Kazi Dawa Samdup est à même de soulever le défi, en tant qu’enseignant et, surtout, locuteur de langue maternelle tibétaine :
« Even with the assistance I derived from these works, I experienced such difficulties, that had I not happened to be a teacher I might have found it very difficult to complete the work at all. I found out why it was that such highly learned scholars as the late Csoma de Koros and my respected teacher the late Rai [Sarat Chandra Das] Bahadur had left it unattempted. The work could only be undertaken by a person whose mother language was Tibetan, or a dialect of Tibetan,—in short, one who thought in Tibetan. »
- 1 Kalzang Dorjee Bhutia, « Looking Beyond the Land of Rice: Kalimpong and Darjeeling as Modern Buddhist Contact Zones for Sikkimese Intellectual Communities », in Markus Viehbeck (ed.), Transcultural Encounters in the Himalayan Borderlands: Kalimpong as a “Contact Zone”, Heidelberg, Heidelberg University Publishing, 2017, p.301-318, https://doi.org/10.17885/heiup.301.c4116.
- 2 Emma Martin, « Translating Tibet in the Borderlands: Networks, Dictionaries, and Knowledge Production in Himalayan Hill Stations », Transcultural Studies, vol.7, n°1, 2016, p.86-120, https://doi.org/10.17885/heiup.ts.23538.
- 3 Martin, op.cit., p.94.
La préface de Kazi Dawa Samdup permet aussi de mesurer combien des facteurs économiques ont joué dans l’histoire de la production de ce dictionnaire. En 1911, l’ouvrage est quasiment achevé mais les moyens de le publier font défaut. Plusieurs années plus tard, lorsque la publication est finalement assurée sous les auspices de l’Université de Calcutta, Kazi Dawa Samdup pourra étendre et compléter son travail, ajoutant de nombreux termes qu’il avait initialement laissés de côté de crainte d’aboutir à un coût de publication trop élevé si l’ouvrage était trop volumineux.
Kazi Dawa Samdup destine son ouvrage à la fois à ses compatriotes apprenant l’anglais et aux étudiants anglais désireux d’apprendre le tibétain. S’il ne s’agit pas d’un dictionnaire de langue parlée proprement dit, l’auteur indique y avoir intégré de nombreux termes vernaculaires lorsque ceux-ci étaient mieux compris que leurs équivalents littéraires. Les traductions en langue vernaculaire, en sikkimais, en dzongkha, en lepcha, ainsi que les emprunts au hindi, au chinois ou à l’anglais sont donnés entre parenthèses et identifiés comme tels, parfois assortis de précisions d’usages régionaux (« Collql. », Collql.-Ü », « Sik. », « Bhut. », « Tibetanised Chinese word », « Hindi », etc.). Pour les termes anglais n’ayant pas d’équivalent direct en tibétain à l’époque — termes techniques (« names of scientific products such as machinery, photography, arts and medicines »), mais aussi noms d’autres objets étrangers au monde tibétain — l’auteur recourt à des périphrases pour les définir.
« Kangaroo » est ainsi traduit par « nom d’un animal ; on appelle ainsi un animal vivant en Australie, en Océanie, qui a une tête semblable à celle d’une marmotte, des pattes avant courtes et des pattes arrière longues, capable de porter ses petits dans une poche qu’il a au niveau du ventre » (རི་དྭཊ་ཞིག་གི་མིང ; ཨོ་སི་ཏྲེ་ལིཡཱ་བྱ་བའི་མཚོ་གླིང་ན་གནས་པའི་རི་དྭཊ་མགོ་བྱི་བ་ལྟ་བུ་ལག་གཉིས་ཐུང་ལ་རྐང་གཉིས་རིང་བ་ཕྲུག་གུ་ལྟོ་བའི་ལོཊ་སི་གྱེ་ཡོད་པའི་ནང་ཁྱེར་ནུས་པ་ཞིག་ལ་ཟེར།).
Cet ouvrage, de loin le plus fourni des dictionnaires anglais-tibétain à l’époque de sa parution, demeure particulièrement précieux pour les nombreux termes en sikkimais (འབྲས་ལྗོངས་སྐད།) et en dzongkha (རྫོང་ཁ།) qu’il comprend. Il a fait l’objet de multiples rééditions, des années 1920 aux années 2020 pour les plus récentes. L’exemplaire de l’édition originale conservé à la BULAC est issu d’un don de Mme Anne-Marie Blondeau.
Brda dag ming tshig gsal ba
Geshe Chodrak
Ce dictionnaire tibétain-tibétain, le premier du genre, est une réédition moderne de Brda dag ming tshig gsal ba [Clarté des mots et leur orthographe], imprimé par xylogravure à Lhasa en 1949 et postfacé par le grand érudit དགེ་འདུན་ཆོས་འཕེལ། Gendun Chophel (1903-1951), ami de l’auteur. Il est l’œuvre du Bouriate དགེ་བཤེས་ཆོས་གྲགས། Geshe Chodrak (1898-1972), sous le patronage de la famille aristocratique Horkhang. Les planches xylographiques originales disparurent pendant la Révolution culturelle (1966-1976) et Geshe Chodrak, pourtant employé dans les années 1950 au service du journal chinois Le Quotidien du Tibet, mourut des suites de l’acharnement des Gardes Rouges, accusé d’être un « espion révisionniste soviétique ».
The English Tibetan Hindi pocket-dictionary
Gegen Dorje Tharchin
L’auteur a été un interlocuteur de premier ordre entre les Occidentaux et les Tibétains au début du XXe siècle, et il a passé plus de quarante ans sur un projet de dictionnaire tibétain, qui n’a malheureusement jamais vu le jour. Ce dictionnaire de poche donne une idée de sa connaissance des langues et de la portée pratique qu’il visait, à la fois pour les Tibétains et pour les Indiens.
Grammaires
Les premiers ouvrages sur le tibétain en langues occidentales sont principalement le fait de missionnaires chrétiens (comme Giorgii, Schmidt, ou Desgodins), auxquels succèdent, à partir du début du XXe siècle, des membres de l’administration coloniale britannique, tels que Hannah, Bell, Stack, Das. Seul Kőrösi Csoma se distingue de ces deux groupes, puisque son intérêt pour le tibétain était avant tout philologique.
Alphabetum Tibetanum
Agostino Antonio Giorgii
Le frère Agostino Antonio Giorgii (1711-1797), conservateur de la Biblioteca Angelica à Rome et féru de langues orientales, ne s'est jamais rendu en Asie. Son Alphabetum Tibetanum, un ouvrage précurseur, restera jusqu'au XIXe siècle une référence sur le Tibet et la langue tibétaine. Cet ouvrage très riche traite de différents sujets, notamment de la religion (bien qu'avec certaines inexactitudes), et fournit les premiers exemples d'écriture tibétaine en Occident, ainsi que les premières tentatives de traduire des prières latines en tibétain.
A grammar of the Tibetan language, in English
Sándor Kőrösi Csoma
Cette première grammaire en anglais du tibétain littéraire est l’œuvre du philologue hongrois Sándor Kőrösi Csoma (1784-1842), au terme de sept ans d’immersion en zone tibétophone au nord-ouest de l’Inde. Le polyglotte Kőrösi Csoma avait étudié diverses langues à Göttingen entre 1816 et 1818, avant de s’engager quelques années plus tard dans un voyage au long cours, par voie de terre, vers l’Asie, à la recherche des origines de la population et de la langue magyares. Il se mit au tibétain sur le conseil de William Moorcroft (1767-1825), un explorateur anglais de qu’il rencontra au Ladakh, dans le nord-ouest himalayen de l’Inde, après avoir été détourné de son but (l’Asie centrale) en raison de conflits et d’épidémies. Il n’existait alors en effet quasiment aucun matériel didactique d’initiation au tibétain, qui était considéré comme une langue de haute culture bouddhique. Kőrösi Csoma rappelle d’ailleurs dans son introduction que le Tibet « était alors considéré comme le haut lieu du bouddhisme en Asie », et que la langue tibétaine « servait de point de départ pour les traductions en mongol, en mandchou chinois [sic] », et que c’était donc « la langue des érudits, comme le latin en Europe ». Il s’installe dans diverses vallées et monastères du nord-ouest de l’Inde (Zanskar, Kinnaur) et au terme de six ans d’étroite collaboration avec le lama སངས་རྒྱས་ཕུན་ཚོགས། Sangye Phuntsok, il parvient à maîtriser assez le tibétain pour commencer à rédiger une grammaire et compiler un dictionnaire, établi à partir des lexèmes qu’il a relevés au cours de ses nombreuses lectures. Sa grammaire (et son dictionnaire), la première digne de ce nom, sera produite grâce à un financement du gouvernement britannique de l’Inde et publiée par la Asiatic Society of Bengal où il est invité à partir de 1831 pour travailler comme bibliothécaire sur le fond tibétain. Les préfaces des grammaires qui ont suivi celle de Kőrösi Csoma mentionnent toutes cette dernière comme base de leurs travaux ultérieurs.
Grammatik der tibetischen Sprache
Isaak Jakob Schmidt
Isaac Jakob Schmidt (1779-1847), né à Amsterdam en 1779, était un missionnaire (il a notamment publié des traductions de textes chrétiens en kalmouk et en mongol) et un orientaliste. Ses travaux, publiés en allemand, en français et en russe portent d’abord sur la philologie mongole, puis tibétaine, à laquelle il a eu accès à travers les populations mongolophones bouddhistes de l’empire russe.
Sa grammaire du tibétain, publiée 5 ans après celle de Kőrösi Csoma, rend largement hommage à ce dernier dans l’introduction. Elle se compose d’une grammaire à proprement parler (l’écriture et la prononciation ; les parties du discours ; la syntaxe), et d’une annexe comprenant un guide de conversation, des exercices de lecture ainsi que des remarques d’ordre lexicographique.
L’auteur ne mentionne aucun collaborateur tibétophone, et a vraisemblablement eu accès au tibétain uniquement par l’intermédiaire de mongolophones de Russie. Cela se traduit se traduit notamment par l’absence de notation des consonnes rétroflexes /ʈ/ et /ɖ/ du tibétain (inexistantes dans les langues mongoliques), qui restent confondues avec les consonnes /t/ et /d/. Par contraste, Kőrösi Csoma, familier de langues d’Asie du Sud dont le sanskrit, les distinguait bien dans sa transcription.
Pour l’édition de cette grammaire, Schmidt indique qu’il a fait fabriquer de nouveaux caractères d’imprimerie tibétains, car il jugeait « monstrueux » les caractères utilisés jusqu’alors. Il témoigne enfin d’un souci pédagogique, en soulignant que le texte qu’il propose comme « exercice de lecture » lui semble plus facile d’accès que ceux proposés par Kőrösi Csoma.
A Grammar of the Tibetan language, literary and colloquial
Herbert Bruce Hannah
Bruce Hannah (1862-1930) était juge à Calcutta, dans l'administration coloniale britannique. Insatisfait des grammaires du tibétain existantes, il étudia auprès de l’érudit ཀ་ཛི་ཟླ་བ་བསམ་འགྲུབ། Kazi Dawa Samdup (1868-1923). Dans son introduction, il souligne combien la langue tibétaine et ses « obscurités labyrinthiques » opposaient une résistance à l’apprentissage, et combien, malgré les précédentes grammaires de Kőrösi Csoma (1784-1842), et de H. A. Jäschke (1817-1883), la langue tibétaine restait « plus ou moins un mystère », notamment en raison de son système verbal qui échappait toujours et encore à qui voulait le saisir, dans les « ténèbres » grammaticales où « volètent d’étranges fantômes philologiques ».
Sa grammaire se démarque des tentatives précédentes en ce qu’elle prend un soin particulier à décrire le système phonologique tibétain, à décrire la langue parlée. En cela, il revendique sa différence avec la grammaire de Kőrösi Csoma, consacrée à la langue classique. Il s’inspire du Primer of Standard Tibetan publié en 1903 par E. Amundsen (1873-1928), un Luthérien norvégien et missionnaire, dont le manuel (que ne possède pas la BULAC) offre réellement des tournures en tibétain « standard », même si des traces de tibétain littéraire affleurent souvent.
Hannah précise également dans sa préface qu’il délaisse la langue honorifique, contrairement à celle de C. Bell. Une grosse partie du volume concerne l’analyse du « soi-disant verbe » (“so-called verb”) selon l’expression de l’auteur, dérouté par la complexité du système verbal tibétain, que nombre d’auteurs de grammaire ont soulignée. Son analyse est aujourd’hui dépassée car Hannah plaquait les catégories propres au groupe verbal des langues romanes, à la langue tibétaine. Toutefois, l’effort d’exhaustivité fourni doit être souligné. Une des particularités de la grammaire de Hannah est l’alternance de phrases en tibétain parlé (sous forme de dialogues ou de suites de phrases) du Tibet central (parfois reprises d’Amundsen), et d'exemples en tibétain littéraire. Ceux-ci sont tirés de traductions du Nouveau Testament, et non de textes vernaculaires tibétains, tendant à faire penser que, si Hannah parlait le tibétain avec son informateur, il ne le lisait peut-être pas avec autant d’intérêt.
Langues régionales
Si les premiers travaux occidentaux sur le tibétain se basent d’abord sur des textes écrits, les premiers missionnaires envoyés au Tibet ont rapidement pu constater la multiplicité des langues tibétiques. Ils ont donc été les premiers à chercher à noter les spécificités des langues parlées dans les régions visitées, et à contraster les différentes langues et dialectes. Plus tard, ces descriptions ont été approfondies par les travaux de dialectologie comme ceux de Roerich.
Essai de grammaire thibétaine pour le langage parlé : avec alphabet et prononciation
Auguste Desgodins
Publié en 1899, cet Essai de Grammaire thibétaine pour le langage parlé est l'œuvre d'Auguste Desgodins (1826-1913), prêtre catholique qui passa près de 40 ans en zone tibétophone (nord-est de l'Inde et Kham) pour les Missions étrangères de Paris. Cet ouvrage compact insiste sur les différences entre le tibétain écrit et parlé, témoignant des difficultés de communication rencontrées sur le terrain. Expliquant plusieurs points de grammaire, Desgodins contraste également la prononciation du tibétain central avec celle de dialectes du Tibet de l'Est.
English-Tibetan colloquial dictionary
Charles Alfred Bell
Charles Bell (1870-1945) est né à Calcutta et, après des études en Angleterre, est envoyé à Kalimpong, dans le Bengale Occidental, entre le Bhoutan et le Népal. Il a ensuite exercé entre autres comme “Political officer” britannique en poste au Sikkim (nord-est de l’Inde). Là, il est pendant dix ans chargé des relations diplomatiques entre le gouvernement britannique et le Sikkim, alors un royaume indépendant, mais aussi le Bhoutan et le Tibet. Ce dictionnaire, accompagné d'une grammaire du tibétain parlé, est une version augmentée de son premier dictionnaire, publié en 1905. Dans son introduction, C. Bell indique que cette seconde édition compte 11 000 à 12 000 mots, soit 2 000 de plus que la première, et que ces nouveaux termes ont été glanés lors de conversations avec des Tibétains de tous milieux : des plus hauts lamas aux plus humbles bergers. Bell était en effet particulièrement bien introduit auprès des plus hauts cercles du pouvoir tibétain, ayant noué une amitié de longue durée avec le 13e Dalaï lama (1876-1933), dont il rédigea une belle biographie, Portrait of a Dalai Lama: The Life and Times of the Great Thirteenth (1946) et dont il fut l’interprète en de nombreuses occasions. Parmi les locuteurs tibétains qu’il cite comme l’ayant particulièrement aidé à progresser en tibétain, il cite Kusho Palhese (littéralement, fils de la famille Pahla), un aristocrate tibétain dont la famille avait été privée de ses biens en raison du bon accueil qu’elle avait réservé à l’espion himalayen au service des Britanniques, S. C. Das1. Bell remercie également David Macdonald (1870?-1963), fonctionnaire anglo-sikkimais, représentant commercial britannique à Yatung, à la frontière tibéto-sikkimaise, bilingue tibétain-anglais, qui relut tout le dictionnaire avant publication.
- 1 Alex McKay. (2011). The Drowning of Lama Sengchen Kyabying: A Preliminary Enquiry from British Sources. The Tibet Journal, 36(2), 3–18.
Dictionnaire français-tibétain : Tibet oriental
Pierre Philippe Giraudeau, Francis Goré
Pour les missionnaires catholiques de la Société des Missions étrangères de Paris (MEP), qui tentent de s’implanter au Tibet à partir du milieu du XIXe siècle, acquérir la maîtrise des langues locales est un impératif conditionnant leur mission d’évangélisation. Si Pierre Giraudeau (1850-1941), qui a rejoint en 1878 la mission des MEP au Tibet, installée au Kham, se plaint encore en 1907 du fait que les missionnaires n’ont pas « le temps nécessaire pour étudier avec la perfection désirable les langues chinoises et tibétaines, sans parler des nombreux dialectes de la mission, dont la connaissance est le premier instrument pour faire le bien »1, les pères des MEP laisseront néanmoins un héritage considérable dans le domaine linguistique, fruit de leur travail collectif sur plusieurs générations.
Charles Renou (1812-1863), fondateur de la mission des MEP au Tibet, sera le premier à s’atteler au rassemblement de vocabulaire en vue de la constitution d’un lexique2. Ce travail, revu et augmenté par ses successeurs, donnera lieu à la publication du Dictionnaire thibétain-latin-français, par les missionnaires catholiques du Thibet en 1899 à Hong Kong, sous la supervision de Pierre Giraudeau qui y ajoutera le français.
Francis Goré (1883-1954), qui rejoint la mission du Tibet en 1907, apprend le tibétain lorsqu’il est envoyé à Tshakhalo (ch. Yanjing). Parallèlement à son travail d’évangélisation, il réalise de nombreux travaux géographiques, culturels et linguistiques — notamment une grammaire tibétaine à l’usage des Tibétains, manuel qui sera repris et employé dans les écoles par le gouvernement de la province du Xikang. C’est après l’expulsion définitive des missionnaires par les communistes chinois en 1952 que, reprenant les travaux de Pierre Giraudeau, il s'attellera à la production d’un dictionnaire français-tibétain. Il sera secondé dans ce travail par Joseph Le Corre (1908-1980) et Ferdinand Pecoraro (1921-2002), deux prêtres ayant eux aussi servi dans la mission du Tibet jusqu’en 1952.
N'ayant pas accès à des caractères d’imprimerie tibétains, les pères décident de réaliser l’ouvrage à la main puis d’en réaliser des copies par procédé photographique. Joseph Le Corre écrit le français à la machine, tandis que Ferdinand Pecoraro est chargé de calligraphier le tibétain, sous la supervision de Francis Goré3. L’ouvrage paraît aux éditions Maisonneuve en 1956, sous le titre Dictionnaire français-tibétain : Tibet oriental. Si la préface de Francis Goré donne peu de précisions sur les méthodes et les sources employées, l’ouvrage se fonde clairement sur les langues parlées du Kham, sans exclure pour autant des équivalents en langue littéraire, signalés par l’indication « livr. ». Pour ce qui est des termes et expressions vernaculaires, ceux-ci sont la plupart du temps écrits en alphabet tibétain, avec parfois des précisions sur la prononciation ou un usage régional. Dans certains cas, sans doute ceux où il était difficile de déterminer une orthographe, les mots sont écrits en alphabet latin uniquement. On apprend ainsi qu’au Yunnan, « chut ! » se dit « p’erndé ». L’ouvrage inclut également des emprunts au chinois en usage au Kham, donnés là aussi en graphie latine.
Les réceptions de ce dictionnaire parmi les spécialistes, à en juger par les comptes rendus publiés à l’époque, furent contrastées. Alex Wayman (professeur de sanscrit à l’Université de Columbia, tibétologue et indologue) souligne que les phrases d’illustration constituent indubitablement un point fort de l’ouvrage, mais estime au total que ses auteurs n’ont ni réussi à surmonter l’obstacle de leurs préjugés à l’encontre du bouddhisme, ni à combler de façon significative les lacunes des dictionnaires anglais-tibétain de Charles Bell et Kazi Dawa Samdup (mots courants manquants et traductions artificielles4). Pour David Snellgrove (professeur de tibétain à la School of Oriental and African Studies de Londres), c’est également l’inclusion de langage parlé dans les phrases d’illustration qui fonde toute la valeur de l’ouvrage : « This is what is chiefly required of a dictionary which leads from a modern European language into Tibetan, for its main use should be directly practical rather than purely scholarly. »5. Dans la préface au Dictionnaire Français-tibétain, datée de mai 1954 (quelques mois avant le décès de Francis Goré), il est indiqué qu’un second volume, une Méthode de langue tibétaine (style et langage) de 200 pages comprenant 60 leçons (vocabulaire, exercices de conversation et grammaire) et pouvant servir d’introduction au dictionnaire « suivra incessamment », mais celle-ci ne verra finalement jamais le jour.
- 1 Compte-rendu de la SMEP, 1907, p. 121, cité par Laurent Deshayes, Tibet (1846-1952) : Les missionnaires de l’impossible, Paris, Les Indes savantes, 2008, p. 289.
- 2 Deshayes, op. cit., p. 290.
- 3 Nécrologie de Joseph Le Corre, site de l’Institut de recherche France-Asie, en ligne : https://irfa.paris/missionnaire/3485-le-corre-joseph/.
- 4 Wayman, A. (1957). [Review of Dictionnaire Français-Tibétain. Tibet Oriental, by F. Goré & Mgr. Giraudeau]. Journal of the American Oriental Society, 77(3), 238–241. https://doi.org/10.2307/596366.
- 5 Snellgrove, D. (1959). « Dictionaire [sic] Français-Tibétain. By S. E. Mgr. Giraudeau and Rév. Père Françis Goré ». Journal of the Royal Asiatic Society, 91(3-4), 155-155. https://doi.org/10.1017/S0035869X00118234.
Le parler de l'Amdo : étude d'un dialecte archaïque du Tibet
Georges Roerich
Auteur de plusieurs grammaires de langues tibétiques, G. Roerich propose une description du tibétain de l’Amdo (dans sa variété de la région de རེབ་གོང་། Rebkong) qui, avec ses traits archaïques, présente un intérêt particulier pour comprendre l’histoire linguistique du tibétain. Dans un contexte de changements sociolinguistiques rapides, et, selon lui d’une influence grandissante des dialectes du tibétain central notamment à travers les institutions monastiques, il précise que « le dialecte amdowa pur doit être recherché parmi les laïcs, cultivateurs et éleveurs ».
Bien que concis, son ouvrage correspond aux normes des description linguistiques : une analyse grammaticale d’une variété de langue bien définie (celle parlée à རེབ་གོང་། Rebkong), basée sur un corpus varié transcrit et traduit (comprenant des proverbes, récits autobiographiques et légendaires, dialogues, prières), un vocabulaire notant à la fois la prononciation, l’orthographe, et indiquant les emprunts aux langues voisines et une carte de l’Amdo. La notation de la prononciation, dans un système de transcription phonétique très détaillé témoigne de son excellente formation en linguistique, mais lui est reprochée par Snellgrove (tibétologue spécialiste du bouddhisme) dans un compte rendu de cet ouvrage : celui-ci considère que la transcription phonétique est illisible, et que Roerich aurait dû opter pour « l’orthographe classique correcte ».
Cette grammaire a été réalisée grâce à l’assistance du célèbre érudit tibétain དགེ་འདུན་ཆོས་འཕེལ། Gendun Chophel (1903-1951) alors que celui-ci se trouvait en Inde, à Darjeeling, dans les années 1930. Roerich ne donne pas d’information sur les locuteurs et les conditions dans lesquelles il a enregistré le corpus de textes sur lequel la grammaire est basée. Certaines particularités grammaticales de quelques-uns des textes transcrits laissent transparaître une influence de tibétain central : le locuteur enregistré pourrait avoir été དགེ་འདུན་ཆོས་འཕེལ། Gendun Chophel, qui était originaire de རེབ་གོང་། Rebkong et avait vécu à Lhasa.
Tibetskij âzyk
Ûrij Nikolaevič Rërih
Si le paratexte de l’édition originale de Тибетский язык [La langue tibétaine] de Georges Roerich (Юрий Николаевич Рёрих, 1902-1960) rend hommage à ce « grand savant soviétique » disparu le 21 mai 1960, peu avant la parution de cet ouvrage en 1961, et déplore la lourde perte ainsi subie par les études orientales soviétiques, il faut rappeler que l’essentiel de la vie et de la carrière de ce chercheur se sont déroulées en dehors de l’URSS.
Après avoir quitté la Russie avec sa famille en 1916, Georges Roerich se forme aux langues orientales à Londres, Harvard et Paris, où il étudie entre autres à l’École des Langues orientales, travaillant également pour le département d’études centrasiatiques, mongoles et tibétaines. En 1923, la famille Roerich déménage dans le nord de l’Inde, où Georges Roerich passera plus de trois décennies. Il entreprend alors de nombreux voyages en Haute Asie, étudie auprès de pandits indiens et d’érudits mongols et tibétains, et poursuit des recherches dans des domaines aussi divers que l’archéologie, la dialectologie, le bouddhisme, l’iconographie et l’histoire tibétaines. Il enseigne également le tibétain, le sanskrit et le chinois.
Ce n’est qu’en 1957 que Georges Roerich retourne dans sa Russie natale et obtient la nationalité soviétique. Placé à la tête du département de philosophie et d’histoire des religions de l’Inde à l'Institut d’études orientales de l’Académie des sciences de l’URSS, il jouera un rôle déterminant dans la relance de l’école russe d’études tibétaines et mongoles. Dans ce contexte, il organise l’enseignement du tibétain, supervise de nombreux travaux et publications dans le domaine de la tibétologie, mais aussi d’histoire mongole, tout en poursuivant son travail d’élaboration d’un monumental dictionnaire tibétain-russe-anglais avec équivalents sanscrits, qui ne paraîtra que dans les années 1980, et en continuant à publier ses propres travaux.
La langue tibétaine est une description historique de la langue écrite littéraire tibétaine, qui paraît aux éditions Littérature orientale de l’Académie des sciences de l’URSS, fondées en 1957. Il s’agit du troisième travail systématique consacré à la langue tibétaine en contexte russe, après la grammaire d’Isaac Jacob Schmidt (1779-1847) de 1839, qui paraît simultanément en allemand et en russe, et le manuel, écrit à la main et lithographié, de G. Tsybikov (Г. Ц. Цыбиков, 1873-1930), paru en 1908. L’ouvrage se compose d’une longue introduction, qui revient notamment sur la classification des dialectes du tibétain (sujet cher à Georges Roerich), sur la périodisation du développement du tibétain littéraire et sur les origines de l’écriture tibétaine. Suivent trois chapitres consacrés respectivement à la phonétique, à la morphologie et à la syntaxe du tibétain. Comme le soulignent les éditeurs, l'ouvrage de Georges Roerich se caractérise par une distinction claire entre le vocabulaire de la langue tibétaine littéraire écrite et celui de la langue tibétaine parlée. Les mots et expressions appartenant à la langue parlée, en sus de la translittération donnée pour tous les mots tibétains, sont accompagnés d’une transcription phonologique développée sur la base de l'écriture cyrillique et reflétant la structure phonétique du dialecte de Lhasa. L’ouvrage comprend enfin, dans ses annexes, plusieurs échantillons de textes datant de différentes époques, accompagnés de translittérations et/ou de transcriptions phonologiques et d’une traduction en russe, le discours de ང་ཕོག་ངག་དབང་འཇིགས་མེད། Ngaphö Ngawang Jigme (1910-2009) prononcé lors de la signature de l’Accord en Dix-sept Points le 21 mai 1951 servant d’exemple de la langue littéraire contemporaine.
Cet ouvrage a fait l’objet d’une réédition en russe en 2001, aux éditions scientifiques URSS, ainsi que d’une traduction en mongol, parue en 2016 (Ю.Н.Рерих, oрчуулсан: Б. Даваасүрэн, Төвд хэл, Улаанбаатар-Бээжин: Удам Соёл ХХК).
Grundlagen der Phonetik des Lhasa-Dialektes
Eberhardt Richter
Cette analyse de la phonétique et de la phonologie du tibétain de Lhasa est publiée en 1964, à une époque où l’accès au terrain était impossible. Elle se base sur des matériaux enregistrés par le Prof. Dr. Johannes Schubert (Karl-Marx-Universität Leipzig) lors de son séjour à Beijing en 1955, au départ dans le but d’illustrer les matériaux d’un cours de tibétain parlé. Celui-ci avait alors enregistré son professeur de tibétain, ངག་དབང་དོན་གྲུབ། Ngawang Thöndrup lisant 660 syllabes isolées et 308 phrases. Dans son étude, Richter reproduit l’ensemble de ces matériaux didactiques. Tous les enregistrements sont transcrits en tibétain et avec un système de transcription phonétique qui indique précisément les tons (à l’aide des barres de tons complétées par une indication du contour tonal en chiffres).
Manuels
Si certains auteurs des premières grammaires, comme Schmidt, montraient un souci pédagogique pour choisir des textes accessibles et intéressants, les manuels de langue à proprement parler sont plus tardifs. Sont présentés ici les plus anciens à destination des Occidentaux, ainsi que le premier manuel à destination des enfants tibétains réfugiés.
A manual of Tibetan
Thomas Herbert Lewin
En 1879, le Major Thomas Herbert Lewin, un fonctionnaire britannique, et le lama Yapa (?) ཨོ་རྒྱན་རྒྱ་མཚོ། Ugyen Gyatsho, un lama du monastère de པད་མ་ཡང་རྩེ། Pema Yangtse au Sikkim, publient ce qu’ils présentent comme le premier manuel de tibétain parlé et qui consiste en une série de dialogues. Ugyen Gyatsho était professeur de tibétain à la Bhutia Boarding School de Darjeeling dès son ouverture en 1874, une école connue pour avoir formé des agents britanniques chargés de cartographier et de recueillir des informations au-delà de la frontière tibétaine. Il accompagne Sarat Chandra Das lors de ses missions au Tibet pour le compte des Britanniques en 1881 et 1882, puis retourne au Tibet l’année suivante 1883, cette fois avec son épouse, et atteint Lhasa avant de revenir à Darjeeling.
Some Tsangla Bhutanese sentences
Edward Stack
Edward Stack (1850-1887) est un fonctionnaire britannique qui étudia de nombreuses langues d’Assam. Ce document devait constituer la troisième partie d’une grammaire de tsangla-bhoutanais. L’auteur est mort brutalement en 1887, alors que l’ouvrage était encore peu avancé. Un de ses amis le publia sous forme d'article, pour servir aux linguistes et aux officiels venant travailler dans la région.
Tibetan primer
Lama Wangdan
En 1874, les Britanniques fondèrent à Darjeeling une école pour Tibétains et Sikkimais, devenue en 1891 lycée gouvernemental. Quatre manuels de tibétain furent alors préparés. Cet ouvrage est la traduction anglaise du premier volume, rédigé par le Lama Wangdan བླ་མ་དབང་ལྡན། (dates inconnues).
Manual of colloquial Tibetan
Charles Alfred Bell
Ce manuel est consacré au tibétain de Lhasa. L’auteur, Charles A. Bell (1870-1945), né à Calcutta, commença à apprendre cette langue alors qu’il était en poste à Kalimpong, Darjeeling et au Sikkim, entre 1900 et 1905. Ce manuel volumineux de 700 pages se compose d’une courte grammaire avec exercices (130 pages), puis de dialogues avec courtes explications grammaticales et exercices sur des thèmes divers (« acheter une turquoise », « Une visite au Dalaï lama par un général tibétain »), et quatre cents pages de dictionnaire anglais-tibétain. Bell se démarque de ses prédécesseurs en s’intéressant au tibétain de Lhasa, et en accordant en particulier une grande importance à l’honorifique, en vigueur dans les cercles aristocratiques qu’il fréquentait. Le dictionnaire, augmenté de deux mille mots, fera l’objet d’une publication à part, en 1920.
Tibetan Primer
Le gouvernement tibétain en exil s’installe en Inde en 1959 et crée un réseau d’écoles tibétaines pour les dizaines de milliers d’enfants désormais réfugiés. Ce Tibetan Primer (སྔོན་འགྲོའི་སློབ་དེབ།) est l’un des premiers manuels conçus pour eux. Il présente les lettres de l’alphabet tibétain, selon deux graphies, quelques combinaisons simples, ainsi que les chiffres. Préparé sous la supervision d’un comité de cinq membres, tous moines (མཁན་དྲུང་ཐུབ་བསྟན་ནོར་བཟང་། Khendrung Thubten Norsang, et quatre lamas réincarnés : ཛེ་སྨད་རིན་པོ་ཆེ། Zimey Rinpoche, བདུད་འཇོམས་རིན་པོ་ཆེ། Dudjom Rinpoche, མཐར་རྩེ་རིན་པོ་ཆེ། Thartse Rinpoche et སྐྱོང་བླ་རིན་པོ་ཆེ། Kyongla Rinpoche), il est rédigé par ལྷ་ལུང་པ་བློ་བཟང་ཕུན་ཚོགས། Lobsang Lhalungpa (1926-2008), une grande figure morale et intellectuelle de l’exil, né dans une famille aristocratique. D’abord moine-fonctionnaire à Lhasa au sein du gouvernement tibétain, il fut envoyé en Inde en 1947 comme représentant de ce gouvernement pour les affaires culturelles et éducatives. Sa mission incluait la formation en langue tibétaine, bouddhisme et histoire du Tibet, des élèves tibétains scolarisés au St Joseph’s College de Darjeeling. Lhalungpa fut par ailleurs responsable de la création de la section tibétaine de All India Radio, créée en 1956, où sa femme travailla comme présentatrice. Il fut également journaliste et informateur de plusieurs tibétologues.
Sa connaissance du monde indien fut d’une aide précieuse pour le gouvernement tibétain en exil qui s’installa en Inde à partir de 1959. Là, Lhalungpa participa entre autres à la mise sur pied du système scolaire de l’exil. L’autre nom mentionné dans ce Tibetan Primer est celui de ཀུན་བདེ་གླིང་འོད་ཟེར་རྒྱལ་མཚན། Kundeling Woeser Gyaltsen (1915-2001). Acteur central de la mise sur pied du système éducatif tibétain en exil, il fut l’un des fondateurs de la Tibetan Refugee Educational Institution, qui fut la toute première école tibétaine en exil. Elle fut inaugurée le 3 mars 1960 à Mussoorie et comptait alors 6 enseignants pour 50 élèves. Kundeling exerça ensuite comme ministre de l’éducation en exil (1967-1970), puis comme premier ministre du gouvernement tibétain en exil (1975-1980).
Tibetan primer
Gegen Dorje Tharchin
La première édition de ce manuel rédigé par des missionnaires finlandais date de 1911 et Tharchin, un catholique originaire du Ladakh et basé à Kalimpong (fondateur des éditions Mirror Press), consolida cette publication en l’éditant à plusieurs reprises ; cet ouvrage de 1954 est la 4e édition.
Tibétologie française
Le tibétain a figuré parmi les premières langues enseignées à l'École des langues orientales vivantes (futur Inalco), même si le statut exact du cours de langue tibétaine, et son intégration à l'École, pose encore quelques questions non résolues. Philippe-Édouard Foucaux (1811-1894) en fut le premier enseignant, en 1842, ce qui fait de la France une pionnière de la tibétologie occidentale.
Grammaire de la langue tibétaine
Philippe-Édouard Foucaux
Philippe-Édouard Foucaux (1811-1894) peut être considéré comme le père de la tibétologie française. Doué pour les langues, il étudie les ouvrages de Kőrösi Csoma dès leur arrivée en France à la fin des années 1830, et se familiarise avec le tibétain au point d'en inaugurer l'enseignement en France, en 1842. Dans la préface de cet ouvrage, il reconnaît sa dette envers les travaux de Kőrösi Csoma. Comme nombre de ses contemporains, il insiste aussi (à tort) sur les liens entre les langues sanscrite et tibétaine.
Le Tibet, le Bouddhisme et la langue tibétaine : discours d'ouverture du cours de tibétain près la Bibliothèque impériale
Léon Feer
Ce document constitue le discours d’ouverture du cours de tibétain que Léon Feer (1830-1902) donne à partir de 1860 à la suite de Philippe-Édouard Foucaux, le père des études tibétaines en France. Il insiste sur le fait que l’étude de la langue et du bouddhisme sont intimement liées, dresse le tableau des études tibétaines à l’époque, puis fait une présentation du pays et de sa culture, sans oublier de rendre un hommage appuyé à son prédécesseur.
L'écriture cursive tibétaine
Jacques Bacot
Cet ouvrage de Jacques Bacot (1877-1965), daté de 1912, est une brève introduction à la graphie des formes les plus simples de cursives tibétaines. Il propose en outre une liste de 700 formes abrégées (བསྡུས་ཡིག), très fréquentes dans ce type d’écriture. Ces abréviations permettent de réduire un mot de plusieurs syllabes à quelques lettres. Le résultat est souvent imprononçable, utilisant les valeurs phonétiques de certains chiffres et échappe aux règles habituelles de formation des syllabes. Si le lecteur tibétain averti n’aura sans doute que peu de difficulté à trouver le mot derrière les abréviations les plus courantes, ce lexique reste, plus d’un siècle après sa parution, un outil précieux pour les étudiants du tibétain moins rompus à ce type d’écriture.
Grammaire du tibétain littéraire
Jacques Bacot
Jacques Bacot (1877-1965), inlassable voyageur, se rend dès 1906 sur les marches tibétaines pour le compte de la Société de Géographie. En 1936, il occupe la chaire nouvellement créée d'Histoire et philologie tibétaines à l'École pratique des hautes études. Dans ce manuel, il met en avant la tradition grammaticale tibétaine, jusque-là négligée par les orientalistes européens. Il met par ailleurs l'accent sur la langue parlée, apprise au cours de ses voyages.
Manuel élémentaire de tibétain classique : méthode empirique
Marcelle Lalou
Pionnière des études philologiques tibétaines, Marcelle Lalou (1890-1967), Directeur d'études à l'École pratique des hautes études dès 1938, est la première femme à publier un manuel de tibétain. Celui-ci vise à fournir une base pour mieux appréhender les textes bouddhiques, longtemps principal objet du travail philologique des tibétologues. Témoignant des intérêts de Marcelle Lalou pour la philologie et les textes bouddhiques, ce manuel est enrichi d'un index tibétain et sanskrit et présente de multiples exemples issus du tibétain littéraire.
L’exposition en ligne « Trois siècles de tibétologie en France », qui reproduit le contenu d’une exposition organisée par la SFEMT en 2019 à l’occasion de de la 15e conférence de l’International Association for Tibetan Studies (IATS), réunit les portraits des pionniers des études tibétaines en France, qui se sont développées à partir du XVIIIe siècle. Les images s’accompagnent de brèves notices biographiques rédigées en français, anglais et tibétain.
Conférences
La SFEMT organise trois conférences à l'occasion de l'exposition.
Preliminary report on the Tibetan-Italian and Italian-Tibetan dictionary of Fr. Francesco Orazio della Penna (1680–1745)
Par Federica Venturi
Jeudi 1er juin, 18h30
- Auditorium du Pôle des langues et civilisations
- À distance via Zoom
This talk will present an overview of the history of the first dictionary of the Tibetan language into a modern western language, Italian, compiled by Francesco Orazio della Penna (1680-1745), and a preliminary description of its contents, concluding with an assessment of its cultural and linguistic significance as a testimony of the one of the earliest encounters between Christianity and Buddhism in Tibet.
Présentation du manuel « Le tibétain parlé : exercices pratiques »
Par Françoise Robin et Camille Simon
Mardi 13 juin, 20h
- Inalco, salle 3.15
- À distance via Zoom
À l’occasion de la publication de l'ouvrage co-écrit avec Nyima Dorjee, Tibétain parlé : exercices pratiques (volume 1), aux Presses de l’Inalco, Camille Simon (université Picardie Jules Verne, LACITO) et Françoise Robin (Inalco, IFRAE) présenteront un panorama de deux siècles de publications sur le tibétain langue étrangère.
Conférence sur la vie et l’œuvre de Marcelle Lalou, tibétologue française du XXe siècle
Par Emanuela Garatti
Mercredi 28 juin, 18h30
- À distance via Zoom
Cette communication se propose de présenter Marcelle Lalou et son histoire à travers les documents retrouvés dans différentes archives, mais également son œuvre scientifique, qui a contribué de façon déterminante aux études sur l’Asie et à l’essor de la tibétologie française.
Nos intervenants
Rachel Guidoni est docteur en ethnologie des mondes tibétains. De 2005 à 2012, elle a été chargée de collections pour les fonds himalayens (Tibet et Népal) de la BULAC. Elle est actuellement responsable de la bibliothèque Gernet-Glotz, rattachée au laboratoire ANHIMA (Anthropologie et histoire des mondes antiques). Elle est membre du conseil d'administration de la Société française d'études du monde tibétain (SFEMT).
Xénia de Heering est ingénieur de recherche (IAO/ANR Natinasia) et jeune docteur soutenue du Centre d'études sur la Chine moderne et contemporaine (CECMC). Elle est membre du conseil d'administration de la Société française d'études du monde tibétain (SFEMT).
Françoise Robin est professeur des universités en langue et littérature tibétaines et responsable de la section Tibet de l'Inalco. Ses recherches portent sur le Tibet contemporain, notamment sur la littérature, le cinéma et le féminisme. Françoise Robin traduit cette nouvelle littérature et réfléchit au rôle des écrivains, de leurs écrits et de l’usage de la langue tibétaine dans un contexte culturel et politique marqué par la dépossession et la marginalisation, du fait de l’occupation du Tibet par la Chine depuis les années 1950. Elle est membre du conseil d'administration de la Société française d'études du monde tibétain (SFEMT).