Conférence de Marta Craveri, directrice du Pôle International de la FMSH, donnée le 28 mars 2012.
Les archives sonores de l’Europe du Goulag
Présentation du programme de recherche Les archives sonores : mémoires européennes du Goulag dirigé par le Centre d'études des mondes russe, caucasien et centre-européen (CERCEC) en partenariat avec RFI et Valérie Nivelon, et 13 chercheurs européens. Dans le cadre de ce programme, Alain Blum et Marta Craveri, chercheurs au CERCEC, ont recueilli 160 témoignages d'Européens déportés au Goulag entre 1940 et 1953.
Cette journée d'étude est coordonnée par les missions Action culturelle et bibliothèque numérique de la BULAC et le CERCEC, en partenariat avec RFI et les éditions Autrement, avec le concours de la mission Communication externe de la BULAC.
Matinée
Séance présidée par Mélanie Le Torrec (BULAC)
- 10h Les archives sonores du Goulag - Présentation du programme et du musée virtuel museum.gulagmemories.eu par Alain Blum (EHESS et INED) et Marta Craveri (Cercec – EHESS/CNRS)
- 10h20 Trajectoires d’enfances au goulag : mémoires tardives de déportation par Anne-Marie Losonczy (EPHE)
- 10h40 Archive et témoignage oral : une histoire différenciée du travail en déportation ? par Emilia Koustova (GEO, université de Strasbourg)
- 11h40 Le sociologue et la déontologie de l’enquête orale par Jean-Sébastien Eideliman (CeRIES, Université de Lille 3)
- 12h Du témoignage oral au documentaire sonore par Valérie Nivelon (RFI)
Conférence d'Alain Blum, directeur d'études à l'EHESS et directeur de recherche à l'INED, donnée le 28 mars 2012.
Conférence d'Anne-Marie Losonczy, anthropologue hongroise, directrice d’études à l’EHESS, donnée le 28 mars 2012.
Conférence d'Emilia Koustova, maître de conférences à l’université de Strasbourg, Département d’études slaves, donnée le 28 mars 2012.
Questions posées à
- Anne-Marie Losonczy, anthropologue hongroise, directrice d’études à l’EHESS ;
- Emilia Koustova, maître de conférences à l’université de Strasbourg, Département d’études slaves ;
le 28 mars 2012.
Conférence de Jean-Sébastien Eideliman, maître de conférences en sociologie à l’Université Lille 3, membre du CERLIS, donnée le 28 mars 2012.
Conférence de Valérie Nivelon, productrice de La Marche du Monde sur RFI, le 28 mars 2012.
Questions posées à
- Anne-Marie Losonczy, anthropologue hongroise, directrice d’études à l’EHESS ;
- Emilia Koustova, maître de conférences à l’université de Strasbourg, Département d’études slaves ;
- Jean-Sébastien Eideliman, maître de conférences en sociologie à l’Université Lille 3, membre du CERLIS ;
- Valérie
Après-midi
Séance présidée par Valérie Nivelon (RFI)
- 14h30 Présentation du livre Déportés en URSS, publié aux éditions Autrement par Marta Craveri (CERCEC, EHESS)
- 15h Introduction au témoignage de Silva Linarte, déportée de Lettonie en Sibérie en 1941 et 1950 par Juliette Denis (Université Paris Ouest, IHTP)
- Entretien avec Silva Linarte, traduction consécutive d’Emilia Koustova
Présentation de Valérie Nivelon, productrice de La Marche du Monde sur RFI, et conférence de Marta Craveri, directrice du Pôle International de la FMSH, le 28 mars 2013.
Conférence de Juliette Denis, docteure en histoire, professeure au lycée Romain-Rolland (Ivry-sur-Seine), donnée le 28 mars 2012.
Témoignage de Silva Linarte, déportée de Lettonie en Sibérie en 1941 et 1950 et traduction d'Emilia Koustova, maître de conférences à l’université de Strasbourg, Département d’études slaves, le 28 mars 2012.
Questions posées à Silva Linarte, déportée de Lettonie en Sibérie en 1941 et 1950, le 28 mars 2012.
À 19h Projection du documentaire « Goulag » d’Hélène Châtelain et Iossif Pasternak en présence de la réalisatrice
Le temps de l'eau (Partie 1), Coproduction 13 Production et La Sept ARTE, 2000, 50 min.
Synopsis : En se rendant sur les lieux historiques de « l’archipel du Goulag », Iossif Pasternak et Hélène Châtelain donnent voix et figure aux victimes anonymes de la terreur et de la déportation érigées en système. Leur enquête porte sur les grands camps du nord du pays, les plus extrêmes, les plus mythiques : ceux des îles Solovki, au milieu de la mer Blanche, au nord-ouest ; et, à 5000 km de là, ceux de la Kolyma, au nord-est polaire.
Conférence d'Hélène Châtelain, réalisatrice, scénariste, comédienne, écrivaine et traductrice, le 28 mars 2012.
Trajectoires d’enfances au goulag : mémoires tardives de déportation par Anne-Marie Losonczy (EPHE)
Cette intervention est une contribution à la connaissance d’un pan très peu étudié de l’histoire du Goulag, celle de la déportation des enfants des pays d’Europe centrale et orientale avant et après la seconde guerre mondiale. Quelques jalons sont proposés pour appréhender les spécificités de l’expérience infantile, la diversité de ces expériences et la récurrence de la remémoration tardive.
Nous proposons d'interroger les formes spécifiques de cette remémoration, la mise en récit de l’enfance au Goulag ainsi que le processus de transformation de cette expérience en témoignage, par le biais des empreintes indélébiles laissées sur ces adultes déplacés dans leur enfance.
Cette recherche s'appuie sur le corpus de témoignages oraux recueillis dans le cadre du projet Mémoires européennes du Goulag dans les pays de l’Europe centrale et orientale.
Biographie
Anne-Marie Losonczy est anthropologue et directrice d’études à l’École pratique des hautes études et professeur à l'université libre de Bruxelles. Ses recherches portent sur deux aires géographiques : la Hongrie post-soviétique et les Amérindiens de Colombie. Membre associé du CERCEC–CNRS-EHESS a coordonné les entretiens menés en Hongrie du projet ANR « Archives sonores de l'Europe du Goulag ».
Et aussi...
- 2010 « Ritualisation mémorielle et construction ethnique post-communiste chez les Hongrois de Transcarpathie (Ukraine) » in Civilisations, vol. 59, n°1, pp.131_150.
- 2010 « Nos années de souffrance. Mémoire du Goulag et construction ethnique postcommuniste chez les Hongrois de Transcarpatie (Ukraine) » Revue d'études comparatives Est-Ouest, vol. 41, n°1, pp.163-190.
Archive et témoignage oral : une histoire différenciée du travail en déportation ? par Emilia Koustova
En confrontant les témoignages récoltés auprès d'anciens déportés en Sibérie qui y sont restés et les archives du Parti ou d’autres institutions soviétiques, Emilia Koustova se propose d'étudier le rôle du travail et des corvées imposés, seule voie de survie pour les déportés.
Cette analyse permettra de réfléchir à la fonction économique des déportations, à partir de documents d’archives et de l’historiographie récente, et à interroger les entretiens réalisés pour mieux comprendre le rôle ambigu joué par le travail imposé dans la vie des déportés. Ceci conduira par ailleurs à s'interroger sur les spécificités de ce « corpus sibérien », mis en regard de l’ensemble des entretiens recueillis dans le cadre du projet « Archives européennes du Goulag ». Ces spécificités tiennent notamment à la façon dont ces récits individuels étaient inscrits dans la mémoire collective « soviétique », en mettant par exemple fortement l'accent sur les exploits réalisés au travail.
Biographie
Diplômée de la faculté d’histoire de l’université d’État Lomonossov de Moscou, auteur d’une thèse de doctorat et de plusieurs articles sur les célébrations révolutionnaires soviétiques, Emilia Koustova enseigne l’histoire et la civilisation russe à l’université de Strasbourg. Elle poursuit ses recherches sur les rituels politiques soviétiques et participe au projet collectif consacré aux déportations soviétiques depuis l’Europe de l’Est. Emilia Koustova s’intéresse notamment aux processus d’adaptation et d’intégration des victimes des déportations staliniennes.
Et aussi...
« Le travail et l’adaptation dans les « villages spéciaux » : les déportations soviétiques de l’Europe centrale et orientale » (en russe), à paraître dans les Actes du colloque « Histoire du stalinisme. Travail coercitif en URSS : économie, politique, mémoire », Moscou, Rosspen
Le sociologue et la déontologie de l’enquête orale par Jean-Sébastien Eideliman
Le respect de l’anonymat des personnes acceptant de participer à des enquêtes est l’un des piliers de la déontologie des sciences sociales. Si l’ethnographie du temps du « Grand Partage » entre sociétés primitives et sociétés développées a longtemps pu se reposer sur une mise en œuvre minimale de l’anonymisation, les transformations récentes de la sociologie et de l’anthropologie, amenées toutes deux à faire de plus en plus souvent une ethnographie du proche, remettent en question ces pratiques. Or ces dernières dépassent de loin la seule exigence de déontologie, à laquelle on veut trop souvent les cantonner. Les aspects éthiques sont en effet inextricablement liés en la matière à des questions d’efficacité scientifique et de positionnement théorique, voire politique, du chercheur.
Biographie
Jean-Sébastien Eideliman est maitre de conférences en sociologie à l'université Lille 3 et membre du Centre de recherche "Individus, Épreuves, Sociétés" (CeRIES).
Son dernier ouvrage, co-écrit avec Didier Fassin, Économies morales contemporaines, est paru en 2012 aux éditions La Découverte.
Et aussi...
BÉLIARD Aude et EIDELIMAN Jean-Sébastien, « Au-delà de la déontologie. Anonymat et confidentialité dans le travail ethnographique », in Fassin Didier et Bensa Alban (dir.), Les Politiques de l’enquête. Épreuves ethnographiques, Paris, La Découverte, 2008, p. 123-141
Sélection bibliographique
Goulag
Béléné
Les années volées
L'archipel du Goulag, 1918-1956
Le Goulag
Déportés en URSS
Nos intervenants
Valérie Nivelon est journaliste et documentariste. Elle a créé l'émission La marche du monde sur RFI où elle explore les mémoires du XXe siècle à travers l'archive sonore et le témoignage. Elle donne particulièrement à entendre l'histoire méconnue des colonisations et décolonisations africaines à travers ses enquêtes de terrain. Elle est à l'initiative du projet multimédia autour de la mission Blaise Diagne en collaboration avec les Archives Nationales, ainsi que du projet « Archives sonores du goulag » avec Alain Blum et Marta Craveri, elle a travaillé avec M’hamed Rebah sur les camps de regroupements en Algérie.
Alain Blum est démographe, statisticien et historien. Ses recherches actuelles portent sur la question des déplacements forcés des populations, dans la continuité d’une réflexion plus générale sur la relation entre violence politique et transformations démographiques et sociales.
Chercheur associé au CERCEC, historienne, spécialiste du travail forcé soviétique. Elle a publié des ouvrages et des articles en français, anglais, russe et italien. Elle a coordonné, le projet ANR « Les Archives Sonores de l’Europe du Goulag » et codirigé l’ouvrage Déportés en Urss. Récits d’Européens au goulag, Autrement, Paris, 2012. Actuellement, elle poursuit des recherches sur la spécificité de l’expérience infantile en déportation, son héritage et de sa remémoration tardive et publié sur ce thème «Trajectoires d’enfances au goulag. Mémoires tardives de la déportation en URSS», RHEI, n. 14, décembre 2012.
Anthropologue hongroise, directrice d’études à l’EHESS et professeur à l'Université libre de Bruxelles.
Professeur des universités à l’université de Strasbourg, Département d’études slaves. Membre permanent du Groupe d'Études Orientales, Slaves et Néo-helléniques. Membre associé du Centre d’études des mondes russe, caucasien et centre-européen (EHESS/CNRS).
Maître de conférences en sociologie à l’université Lille 3, membre du CERLIS
Responsable de la Mission action culturelle à la BULAC de 2004 à 2012.
Docteure en histoire, professeure au lycée Romain-Rolland (Ivry-sur-Seine), Juliette Denis est également membre du Centre d’études des mondes russe, caucasien et centre européen (CERCEC) à l’EHESS. Elle poursuit ses recherches sur la fabrique de la Lettonie soviétique (1939-1949), proposant une histoire croisée du stalinisme et de la Seconde Guerre mondiale. Elle étudie également l’histoire des guerres et de l’URSS, en particulier la planification économique et ses applications en temps de conflit. Elle a co-dirigé avec Corine Defrance et Julia Maspero, Personnes déplacées et guerre froide en Allemagne occupée (Peter Lang, 2015) ; avec François Ruffin, De la souplesse ! de la souplesse ! : entretien avec Lénine (Fakir éditions, 2017).
Déportée de Lettonie en Sibérie en 1941 et 1950
Réalisatrice, scénariste, comédienne, écrivaine et traductrice. Hélène Châtelain a bâti une œuvre documentaire considérable sur l’anarchie ou le Goulag, entre autres. Au début des années 1990, la cinéaste se tourne vers la Russie et affronte le refoulé de la dissidence soviétique. Plusieurs de ses films constituent d’importantes pièces à conviction dans ce dossier historique, comme l’extraordinaire Goulag (2000), coréalisé avec son complice Iossif Pasternak, qui rassemble de rares images d’archives et nombre d’entretiens avec des survivants du système concentrationnaire.
Iossif Pasternak est né en 1950 à Kiev en Ukraine. Il étudie dans un premier temps la musique au Conservatoire de Kiev puis la mise en scène. Il travaille ensuite comme réalisateur de films documentaires scientifiques à Kiev. Il a réalisé plusieurs courts métrages au sein du Studio Central du Film Documentaire de Moscou, dont un sur Boulgakov. Il s'est fait connaître internationalement avec son film sur l’avant-garde picturale soviétique, Le Carré Noir ainsi qu'avec Goulag, co-réalisé avec Hélène Châtelain, documentaire qui fut le fruit de plus de 10 ans de recherches.