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Reconquérir l’espace public, les fondements de l’engagement

Organisateur(s) :BULAC

Conférence du cycle « La contestation du pouvoir »

Reconquérir l’espace public, les fondements de l’engagement

Manifestants durant la contestation Geração à rasca le 12 mars 2011 sur l'Avenida da Liberdade, Lisbonne, Portugal (Anasofiapaixao).

Quand : 22 janvier 2013 – 18:30 > 20:30 Où : Auditorium du Pôle des langues et civilisations

Du printemps Arabe aux indignés, en passant par la révolte des tentes de Tel Aviv, 2011 est l'année de la contestation.

Elle a vu se dessiner un usage nouveau de l'espace public, bidimensionnel, fondé sur la coexistence d'un engagement dématérialisé des réseaux sociaux et sur l'occupation physique de cet espace. Si ce parfum de révolte a vu le jour en Tunisie en décembre 2010, conduisant à la chute de dictatures que l'on pensait solidement installées, il a rapidement diffusé sur le pourtour méditerranéen jusqu'à nourrir la contestation des mouvements sociaux de sociétés plus démocratiques (Grèce, Israël). Ce vent critique et contestataire s'est exprimé conjointement dans d'autres régions du monde, formulant la possibilité d'une ouverture ou d'une alternance politique au Nord (Japon, Russie, Chine) comme au sud (Birmanie, Sénégal). Si la reconquête de l'espace public demeure l'un des enjeux majeurs pour informer l'opinion publique et élargir la mobilisation, c'est aussi l'un des points d'entrée pour comprendre ces mobilisations. En effet, l’engagement aujourd’hui prend des formes diverses : manifestations politiques et sociales (les printemps arabes, les manifestations contre l’austérité en Europe, Occupy), mouvements altermondialistes (Forum Social Mondial), écologistes (conférence de Copenhague), initiatives citoyennes de démocratie participative, approches nouvelles de l’éthique (philosophie du Care) et aussi révoltes et émeutes désormais mondialisées. Au-delà de leurs singularités, ces mouvements empruntent beaucoup les uns aux autres dans leur répertoire d'actions, leurs contenus ou leurs sources d'inspiration. Echos de la globalisation, ils constituent des actes de résistance forts, dont la pluralité et l'ampleur seront explorés au cours de la conférence.

La philosophe Sandra Laugier y examinera les fondements de l'engagement, à travers les concepts de désobéissance civile et de transgression. Partant de l'expérience d'Henry David Thoreau, elle montrera que cette position d'insoumission vit toujours et irrigue les différents répertoires d'actions mobilisés par les porteurs de la contestation. Si la question de la résistance peut sembler évidente dans des dictatures, de plus en plus de mobilisations, dans des pays démocratiques, fondent aussi leur action sur le recours à des actes illégaux. Cette convergence des pratiques interroge et peut nourrir la discussion sur ces événements.

L'anthropologue Alain Bertho reviendra sur le rôle des réseaux sociaux dans les mobilisations, révoltes et révolutions politiques et sociales, qui se sont déroulées depuis décembre 2010. Il reviendra sur le sens à donner à la mondialisation des émeutes, qui tout en exprimant le malaise social au Nord comme au Sud, reflète aussi l'exigence d'un dialogue dans des territoires défavorisés.

En partenariat avec la revue Multitudes

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Type de fichier
mp3
Publié
23 mars 2022

Conférence de 

  • Sandra Laugier, professeure à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne ;
  • Alain Bertho, anthropologue, professeur et directeur de l'École doctorale Sciences Sociales à l’Université de Paris 8 ;

le 22 janvier 2013.

Cycle « La contestation du pouvoir » 2012-2013
11 décembre 2012 > 4 juin 2013

Les conférences de ce cycle visent à expliciter les processus propices à l'émergence d'une alternative au pouvoir en place, qu'il soit accaparé par un régime politique ou une communauté, matérialisé par un système économique, exprimé au sein des structures familiales.

Hirak, le renouveau de la contestation en Algérie
10 mai 2022 – 18:30 > 20:00

Conférence publique de l’Institut d’études de l’Islam et des sociétés du monde musulman (IISMM), par Ali Bensaad, professeur des universités, Institut Français de Géopolitique, Université Paris 8 Vincennes – Saint-Denis

Nos intervenants

Sandra Laugier
Sandra Laugier

Sandra Laugier est philosophe, professeure à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, et dirige le Centre de philosophie contemporaine de la Sorbonne. Elle est membre de l'Institut universitaire de France et directrice adjointe de l’INSHS/CNRS, chargée de l’interdisciplinarité. Elle fait aussi partie du comité de rédaction de Multitudes. Elle est spécialiste de philosophie du langage ordinaire (Wittgenstein, Austin) et développe des approches inspirées par ce courant en philosophie morale et politique. Elle introduit notamment plusieurs champs de réflexion inédits : l'éthique féministe du care, le perfectionnisme moral à travers le thème de la désobéissance civile, la réflexion sur la culture populaire. Elle a publié de nombreux ouvrages et dirigé des programmes de recherche sur ces questions. En 2010, elle a publié avec Albert Ogien Pourquoi désobéir en démocratie ? aux éditions La Découverte.

Alain Bertho
Alain Bertho

Alain Bertho est anthropologue, professeur et directeur de l'École doctorale Sciences Sociales à l’Université de Paris 8 et directeur adjoint de la Maison des Sciences de l’Homme de Paris-Nord. Il est aussi Président du Conseil National des Universités section 20. Il est membre du Laboratoire Architecture Ville Urbanisme Environnement au CNRS. Son site internet répertorie divers aspects de son travail et il anime le blog culturevisuelle.org. En 2008, il fonde avec Sylvain Lazarus l'Observatoire international des banlieues et des périphéries au sein duquel il mène des enquêtes sur les banieues au Brésil et au Sénégal. Son site recense quotidiennement les émeutes dans le monde depuis l'année 2007. Le temps des émeutes est le titre du livre qu'il a écrit à partir de ce travail de recensement et qu’il a publié en 2009 chez Bayard.