Rencontre avec l'écrivain indonésien Benny Arnas
Benny Arnas est un écrivain de la nouvelle génération indonésienne. Auteur très prolifique, il a développé un mode d'écriture original, dans un style rapide et concis, et publie beaucoup sur les médias sociaux. Il organise des discussions littéraires et des ateliers d'écriture. À travers sa fondation, le Benny Institute, il milite pour l'alphabétisation dans sa ville natale, Lubuk Linggau, dans le Sumatra du Sud. C'est autour de son roman Bulan Madu Matahari (Lune de miel de soleil), paru en 2020 en version numérique et en format audio, que l'écrivain dialoguera avec Tengku Syarfani, docteure en littérature et chercheuse à l’université de Sumatra du Nord, et Isadora Fichou, docteure en littératures et civilisations, lors de cette rencontre organisée par la BULAC en partenariat avec l'Ambassade d'Indonésie.
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Le roman Bulan Madu Matahari (Lune de miel de soleil) raconte la résilience et le courage d'un jeune homme né à Muratara, dans le Sumatra du Sud, qui lutte contre la dure vie de Jakarta pour soutenir ses quatre demi-frères et sœurs issus du mariage de ses parents, qui ont divorcé et l'ont quitté à l'âge de 3 ans. Élevé par son grand-père, il découvre plus tard le traumatisme passé subi par son aïeul, qui s'est sacrifié et a ignoré ceux qui l'aimaient, jusqu'à trouver l'origine de tout ce tumulte, les choix politiques de sa famille.
Écrit en trois jours seulement, Bulan Madu Matahari a été édité sous forme de livre numérique en l'espace de trois mois, avant d’être publié en avril 2020 en format audio. La version imprimée est en cours de préparation chez une maison d’édition malaisienne. Benny Arnas a écrit ce roman sur une application de son téléphone mobile et a réalisé lui-même l’enregistrement audio de son roman. C’est ainsi qu’est né son tout premier roman « indépendant » ou « indie ». À travers ce processus créatif, Benny Arnas a choisi de contrer le courant dominant dans la production littéraire.
Quels motifs l'ont mené vers ce choix ? Est-ce un acte pour la démocratisation de la littérature ?
La rencontre sera introduite par Bernadeta Sardjono, chargée de collections pour le domaine indonésien et malais à la BULAC.
Tengku Syarfina s’intéressera à diverses « confrontations » dans le roman Bulan Madu Matahari, notamment à la présence de la culture malaise en confrontation avec la logique de la modernité, au système de pouvoir contre les systèmes coutumier et religieux, et à la tolérance et l’acceptation comme sagesse culturelle contre le racisme.
Isadora Fichou, quant à elle, évoquera entre autres le désir de Benny Arnas de rendre accessible à tous une littérature qu’il situe à la frontière entre l’écrit et l’oral.
Nos intervenants
Benny Arnas est né à Lubuklinggau, Sumatra du Sud, Indonésie. Il commence à écrire en 2008 à l’âge de 25 ans. Dans les années 2009-2013, il devient l’un des écrivains les plus productifs en Indonésie, avant de marquer une pause en 2014. En 2020, il initie une méthode d'écriture, « Story by 5 », pour écrire de manière rapide, concise, productive et créative. Il anime des ateliers d’écriture en présentiel dans plusieurs villes et à distance. La formule « Story by 5 » est fructueuse : en juin 2021, ses 4 nouvelles sont publiées dans 4 journaux différents, Kompas, Jawa Pos, Media Indonesia et Republika. Fin 2021, il reçoit le premier prix d'un concours national de nouvelles pour un ouvrage écrit sous pseudonyme.
Benny Arnas a déjà écrit 31 livres. Quelques-uns de ses ouvrages ont été adaptés en film, court-métrage, pièce de théâtre et musique.
Pour en savoir plus sur Benny Arnas : Instagram @story.by5 et le site bennyarnas.com.
Isadora Fichou est docteure en littératures et civilisations. Ses recherches portent sur la poésie indonésienne et française moderne, ainsi que sur la traduction littéraire. Elle a rédigé une thèse sous la direction d’Étienne Naveau, qui s’intitule « L’écriture poétique de la brièveté chez Chairil Anwar à la lumière des œuvres de Sitor Situmorang et de René Char ». En parallèle de ses études, elle a mené des enquêtes de terrain dans plusieurs régions d’Indonésie et a enseigné la littérature indonésienne ainsi que la traduction littéraire à l’Inalco. Elle projette désormais d’étudier les infrastructures et les manifestations littéraires actuelles en Indonésie. Ses traductions ont notamment été publiées dans la revue Jentayu. Elle a aussi traduit l’œuvre complète de Chairil Anwar durant son doctorat, qu’elle compte publier prochainement.
Chargée de collections pour le domaine indonésien et malais à la BULAC de 2015 à 2017 et en 2022-2023, Bernadeta Sardjono est née à Pekanbaru, en Indonésie, et vit à Paris. Elle a obtenu un master en communications interculturelles à Jakarta et un master en politiques publiques et sociales européennes à Paris. Elle a enseigné l’indonésien, sa langue maternelle, à l’Inalco, à l’université de la Rochelle, à l’université d’Angers et au Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères à Paris. Elle est actuellement enseignante d’indonésien à l’Ambassade d’Indonésie à Paris.
Docteure en littérature, Tengku Syarfina est chercheuse en langues et littératures. Son intérêt pour les patrimoines culturels matériels et immatériels l'a menée à faire des recherches dans ce domaine, notamment sur la culture de Melayu Deli (Malais de Deli), du Sumatra du Nord. Elle a été la cheffe de l’Agence provinciale de Sumatra du Nord pour le développement linguistique et est actuellement professeure à l’université de Sumatra du Nord. Elle a créé la fondation Yayasan Khazanah Warisan Melayu Deli, qui a pour objectif de revitaliser le tissu traditionnel songket de Deli. Elle est aussi active dans le programme gouvernemental du mouvement national de la littératie, en tant que membre du jury du concours national de la littérature pour la littératie.