TYPARABIC : les premières imprimeries arabes chrétiennes en Orient
L’art de la typographie resta longtemps inconnu dans les pays sous domination ottomane. Au XVIIIe siècle, toutefois, les premières imprimeries commencèrent à s’installer en Orient et la population chrétienne, qui réclamait des livres de culte, joua un rôle important dans ce processus. Pour cette exposition, les chercheurs du projet TYPARABIC ont choisi, parmi les collections de la BULAC, des livres chrétiens qui illustrent l’art de l’impression arabe de cette époque.
Commissariat
- Ioana Feodorov, directrice scientifique du projet TYPARABIC (IESEE, Académie de Roumanie)
- Vera Chentsova, projet TYPARABIC (EPHE-PSL)
- Fatna Ziani, chargée de collections pour le domaine arabe (BULAC)
Pour cette exposition, la BULAC a travaillé avec l'équipe du projet Early Arabic Printing for the Arabic-Speaking Christians Cultural Transfers between Eastern Europe and the Ottoman Near East in the 18th Century (ERC-Adg-2019-TYPARABIC), doté de l'Advanced Grant du Conseil Européen de la Recherche (ERC).
Les résultats de ce projet sont publiés en accès ouvert dans les volumes de la collection Early Arabic Printing in the East (De Gruyter).
Introduction
Imprimer en Orient pour les chrétiens arabophones
Diffuser l’information le plus rapidement et largement possible est une aspiration constante de l’humanité. L’invention de l’imprimerie constitua une révolution pour l’histoire du livre. En 1452, à Mayence, en Allemagne, Johannes Gutenberg changea à jamais la circulation des textes en perfectionnant la presse avec des caractères mobiles. Rapidement, les typographes élaborèrent des polices de caractères pour les langues orientales comme l’arabe : déjà en 1514 à Fano, près de Venise, paraît le premier livre imprimé en langue et en alphabet arabes.
Après des réticences initiales, l’Église catholique a soutenu l’impression de livres liturgiques, de textes bibliques, de catéchismes et de littérature de dévotion, ainsi que d’ouvrages pour apprendre les langues orientales.
Alors qu’en Occident l’imprimerie s’est développée rapidement dans un contexte économique, politique et culturel favorable, l’art de la typographie resta longtemps inconnu dans les pays sous domination ottomane. En 1610 un unique livre, le Psautier arabe, fut imprimé en deux types de caractères syriaques au monastère maronite Saint-Antoine de Qozhaya (Liban).
Au XVIIIe siècle, toutefois, les premières typographies commencèrent à s’installer en Orient ; la population chrétienne, qui réclamait des livres de culte, joua un rôle important dans ce processus.
À cette époque, Athanase III Dabbās (†1724), entre deux pastorats en tant que patriarche de l’Église d’Antioche, entreprit une intense activité d’édition pour les chrétiens arabophones. Il imprima deux premiers livres en Valachie (Roumanie) en arabe et grec, en 1701 (les Liturgies au monastère de Snagov) et 1702 (le Livre d’heures à Bucarest), grâce à l’aide financière du prince Constantin Brâncoveanu et aux soins de son meilleur imprimeur, Anthime l'Ibère.
D'Alep à Khenchara : l'art typographique dans les collections de la BULAC
Athanase III Dabbās établit la première imprimerie arabe à Alep en 1706. Cet atelier, dans lequel travailla Abdallāh Zākher (1684-1748), typographe syrien très doué, produisit plusieurs livres religieux entre 1706 et 1711, dont le Psautier fut le premier.
Une partie du matériel typographique de l’imprimerie d’Alep fut transférée au monastère grec-catholique Saint-Jean-Baptiste de Khenchara (Dūr al-Shuwayr), au Liban. C’est là quʻAbdāllah Zākher établit une imprimerie où le premier livre parut en 1734 : Mizān al-zamān (La mesure du temps), traduction d’un ouvrage de Juan Eusebio Nieremberg. Une soixantaine de livres de culte, de catéchisme et de dévotion furent imprimés à Khenchara au cours du XVIIIe siècle.
Après 1753, seule l’imprimerie du monastère de Khenchara continua à imprimer pour les chrétiens arabophones. Parmi ces publications prédominaient les traductions de livres latins d’instruction spirituelle, d’ascétique et de polémique.
Ces livres arabes imprimés en Europe de l’Est et en terre ottomane au XVIIIe siècle suscitèrent très vite l’intérêt des érudits et des voyageurs occidentaux, grâce auxquels certains de ces livres sont conservés aujourd’hui dans les bibliothèques de pays non-arabophones. Les orientalistes français, dont le savant Antoine Isaac Silvestre de Sacy, furent des pionniers de la recherche sur la production des imprimeries à caractères arabes.
Les chercheurs du projet TYPARABIC ont choisi, parmi les collections de la BULAC, des livres chrétiens qui illustrent l’art de l’impression arabe. Ils sont disposés par ordre chronologique : de la première imprimerie arabe d’Orient, établie en 1706 à Alep, aux premiers ouvrages des chercheurs occidentaux sur le sujet, au XIXe siècle.
Les imprimés arabes étudiés en Europe au XIXᵉ siècle
Bibliotheca arabica, auctam nunc atque integram
La bibliothèque arabe, aujourd’hui enrichie et complète
Cette riche bibliographie des livres arabes manuscrits et imprimés, écrite par Christian Friedrich Schnurrer (1742-1822), théologien, orientaliste et philologue allemand à l’Université de Tübingen, est dédiée au baron Silvestre de Sacy (1758-1838). Elle couvre les œuvres de la période pré-islamique jusqu'au début du XIXe siècle. Schnurrer a entretenu une riche et longue correspondance avec de Sacy, à qui il envoyait ses disciples au début du XIXe siècle pour apprendre l’arabe en France. De Sacy, considéré comme une autorité européenne en la matière, forma ainsi les premières générations d’orientalistes allemands. Son rayonnement est surtout lié à son action de pédagogue et à la constitution d’un réseau européen dont son importante correspondance conserve bien la trace.
Cet exemplaire comporte des notes manuscrites de Silvestre de Sacy, dont celle de cette page, en latin. Il comporte aussi la première estampille « aux palmes » de l’École des Langues Orientales sur la page de titre, ainsi qu’une note sur la première page de garde : « Notes manuscrites de Silvestre de Sacy ».
Bibliothèque de M. le baron Silvestre de Sacy
Cet ouvrage est le premier volume du catalogue de la bibliothèque personnelle du baron Antoine Isaac Silvestre de Sacy, linguiste, philologue et orientaliste français. Féru de langues, il est considéré comme l’un des plus grands philologues du XIXe siècle et le père de l’« orientalisme » français. Il a beaucoup contribué, par son enseignement et ses écrits, au progrès des études orientales et a formé un grand nombre d’élèves français et étrangers. C’est un homme d’influence sachant survivre aux divers régimes politiques et doué d’évidentes qualités d’organisateur. Ainsi, il contribue à la fondation de nouvelles chaires de langues orientales et à la fondation de la Société asiatique. De 1824 à 1838, il est administrateur de l’École des langues orientales.
Le catalogue comporte trois volumes et provient de l’ancien Fonds de la bibliothèque, dont viennent aussi plusieurs des documents enregistrés sur ces deux pages : les numéros 1337 (Évangile), 1338 (Évangile) et 1339 (Livre des Épîtres).
Grammaire arabe à l'usage des élèves de l'École spéciale des langues orientales vivantes
Cet ouvrage est le premier volume de la grammaire de Silvestre de Sacy, rédigée alors qu’il enseignait à l’École des Jeunes de langues, qui formait les futurs drogmans (interprètes) et diplomates français envoyés dans les pays du Levant.
Silvestre de Sacy est considéré comme l’un des plus grands philologues du XIXe siècle. Il est l’un des représentants les plus éminents de la vieille école de philologie : il veillait à étudier une langue, une grammaire, mais sans voyager dans les pays arabophones. Après avoir étudié les œuvres des grammairiens arabes, il a conçu cette grammaire comme étant une description minutieuse des faits de morphologie et de syntaxe, autant qu’un traité de didactique pour ses étudiants. Il a « apprivoisé » l’exubérance de la langue arabe pour lui faire suivre l’ordre français, puis en extraire cette grammaire claire, méthodique et scientifique.
Alep, 1706-1708 : les premières impressions en caractères arabes en Orient
Athanase III Dabbās, deux fois patriarche de l'Église d'Antioche (1686-1694, 1720-1724), établit la première imprimerie arabe à Alep en 1706, après avoir supervisé l'impression de deux livres arabes en Roumanie en 1701-1702. Cela lui a donné l'expertise nécessaire pour fonder sa propre presse, avec un matériel typographique reçu en don du prince de Valachie (Roumanie), Constantin Brâncoveanu. Cet atelier, dans lequel travailla Abdallāh Zākher (1684-1748), typographe syrien très doué, produisit plusieurs livres religieux entre 1706 et 1711. Ces livres d’Alep furent les premiers livres imprimés en caractères arabes au Proche-Orient.
كتاب الزبور الشريف المنطوق به من الروح القدس على فم النبي والملك داود وعدته مِئَة وخمسون مزمورا ويتلوه عشر تسابيح
Le Noble Livre des Psaumes, inspiré par le Saint-Esprit par la bouche du prophète et roi David, il comporte cent cinquante psaumes et dix cantiques, nouvellement imprimé dans la ville d’Alep la bien-protégée et gardée en l’année chrétienne 1706
Appelé aussi Psautier, le Livre des Psaumes (ספר תהילים | Sefer Tehillim en hébreu, الزبور | Zabūr en arabe) est un livre de la Bible. Il est le premier de la section des Ketouvim, selon le canon de la Bible hébraïque. Dans l’Ancien Testament des chrétiens, sa place a été variable. Elle s’est fixée au XIIIe siècle entre le Livre de Job et celui des Proverbes. Le Psautier est le livre le plus communément lu par les chrétiens pour l’enseignement et la prière particulière.
Ce Psautier est traduit du grec vers l’arabe. Il suit l’ordre liturgique et inclut les 151 psaumes de la Septante et les dix cantiques auxquels le titre fait référence.
Le livre vient de la bibliothèque de Charles-Henri-Auguste Schefer (1820-1898), savant orientaliste, diplomate et traducteur français. Il a probablement acheté cet exemplaire en Orient pendant son long service dans les missions diplomatiques. De retour en France, Schefer occupa la Chaire de persan à l’École des langues orientales, et ensuite, en 1867, il est devenu administrateur de l’École. Sous son impulsion, la bibliothèque de l’École est devenue l’une des plus riches en livres arabes en Europe.
كتاب الإنجيل الشريف الطاهر والمصباح المنير الزاهر
Livre de l’Évangile noble et pur, le flambeau lumineux et resplendissant
Publié à Kyiv en 2021 par les soins de M. Ihor Ostash, ancien ambassadeur d’Ukraine à Beyrouth, ce fac-similé reproduit l’exemplaire conservé à la Bibliothèque nationale d’Ukraine, de l’Évangile d’Alep de 1708, dont il ne reste que trois copies.
En 1707, resté sans appui de la part du prince valaque Constantin Brâncoveanu, Athanase Dabbās fit appel à Ivan Mazepa, hetman de l’Armée de cosaques zaporogues (Ukraine), pour relier les derniers exemplaires de l’Évangile imprimé en 1706 qui lui restaient dans son atelier typographique. Mazepa était un bienfaiteur des Églises orthodoxes d’Orient, des patriarcats d’Antioche, Jérusalem et Alexandrie. L’aide qu’il octroya à l'imprimerie d’Alep lui valut une préface élogieuse d’Athanase III Dabbās, qui fit remplacer les premières pages de l’Évangile pour y ajouter les armes du hetman Mazepa et une épigramme grecque en son honneur.
Les premières pages de l’Évangile relié en 1708 permettent d’admirer la beauté de l’impression originale et le blason d’Ivan Mazepa.
Shuwayr, 1735-1740 : les débuts de l'imprimerie du monastère Saint Jean-Baptiste de Khenchara
En 1733, au monastère grec-catholique Saint Jean-Baptiste de Khenchara (Dūr al-Shuwayr), au Liban, le grand typographe syrien et collaborateur de Dabbās Abdāllah Zākher établit une imprimerie. Le premier livre parut en 1734 : Mizān al-zamān (La mesure du temps), traduction d’un ouvrage de Juan Eusebio Nieremberg. Une soixantaine de livres de culte, de catéchisme et de dévotion furent imprimés a Khenchara au cours du XVIIIe siècle. Les livres liturgiques imprimés à Khenchara reproduisirent ceux d’Alep et furent donc utilisés par les grecs-catholiques melkites comme par les grecs-orthodoxes.
كتاب الزبور الإلهي لداود النبي
Le Livre des Psaumes Divins du Prophète David
Ce Psautier est la première des éditions des Psaumes imprimées au Couvent de Saint-Jean-Baptiste de Khenchara, au Mont Liban. Il est une réédition de la traduction arabe qui fut imprimée en 1706 à Alep.
Le Zabūr fait communément référence au Livre des Psaumes. Le Kitāb al-Zabūr est le livre sacré des sabéens et, en Islam, l’un des livres saints révélés par Allah avant le Coran. Le terme « zabūr » est l'équivalent arabe de l'hébreu « zimra », qui signifie « chant, musique ». « Zamir » (chanson) et « mizmor » (psaume) sont dérivés de « zamar », qui signifie « chanter une louange, faire de la musique ».
احتقار أباطيل العالم
Traité sur la vanité du monde
Ces ouvrages sont les volumes 1 et 4 du Livre des vanités du monde, il est une traduction en arabe de l’original en espagnol de Diego Ballestero de San Cristóbal y Cruzat, plus connu sous le nom de Diego de Estella (1524-1578).
Religieux franciscain, prédicateur et écrivain spirituel espagnol, Diego de Estella fut conseiller spirituel et confesseur à la cour du Portugal, avant de finir sa vie en Espagne. Son Traité sur la vanité du monde (1562) fut traduit en plusieurs langues, dont l’arabe. Le thème de la vanité était un sujet de prédilection de la littérature morale au tournant des XVIe et XVIIe siècles. Cet ouvrage enseigne le mépris pour les biens terrestres et cherche à orienter l’âme vers l’amour de Dieu seul.
Le premier volume (gauche) a été traduit en arabe par Raphaël Ventayol (1645-1726), missionnaire franciscain et excellent arabisant. Il apprit l’arabe à Alep et l’enseigna à Damas et Jérusalem pour former les jeunes franciscains espagnols destinés à la mission en Terre Sainte. Il traduisit aussi plusieurs œuvres classiques de mystiques espagnols, dont celle de Diego de Estella. Alors que la traduction de Ventayol était achevée dès 1696, ce livre, très demandé par les chrétiens d’Orient, n’a été imprimé qu’après sa mort, en deux éditions différentes, avec le titre de Kitāb iḥtiqār abāṭīl al-’ālam.
1744-1758 : des ouvrages qui retracent l'essor de l'imprimerie en caractères arabes
كتاب زبور داود
Les Psaumes de David
Ce Livre des Psaumes de David a été imprimé en 1744 et comporte un texte en copte, avec la traduction arabe en regard.
L'ouvrage sort probablement des presses de l'Imprimerie polyglotte de Rome, mise dès sa création, en 1626, au service de la Sacra Congregatio de Propaganda Fide (Sacrée Congrégation pour la Propagation de la Foi), fondée en 1622. Sa mission est la propagation de la foi chrétienne et le règlement des affaires concernant l'Église catholique dans les pays non-catholiques. La création de cette imprimerie répond à la volonté de diffusion de la foi catholique en Orient et aux besoins de la lutte contre la Réforme. L'imprimerie utilisa des caractères grecs, hébreux, arméniens, syriaques, arabes, éthiopiens et chinois. Ces caractères proviennent de l'imprimerie des Médicis et de l'Imprimerie Vaticane.
Celui-ci est l’un des six livres publiés par Raphaël al-Toukhi (1701-1787), évêque d'Acanthus en 1761, puis d'Arsinoé à Chypre (l’actuelle Famagouste) en 1763. Né en Égypte dans une famille copte orthodoxe, il se convertit plus tard au catholicisme. Il étudia au Collège de la Propaganda Fide à Rome, avant d'y enseigner la langue et la culture coptes pendant trente ans. Il publia ce Psautier en 1744, puis des Rudimenta linguae coptae sive aegyptiacae ad usum Collegii Urbani de Propaganda Fide en 1778. Il édita les livres liturgiques de l'Église d'Alexandrie et la première partie de la traduction en arabe de la Vulgate (version latine de la Bible). Il travailla à la Bibliothèque apostolique du Vatican, où il étudia les manuscrits arabes et coptes.
المجمع اللبناني
Le livre du Synode du Liban
Cet ouvrage rassemble les actes du Synode libanais tenu en 1736 au couvent de l’Ordre libanais de Saint-Antoine de Louaizé, au Mont Liban, en version arabe.
Un synode est l’assemblée des évêques qui, sous la présidence d’un primat (patriarche ou archevêque majeur), se réunit pour délibérer sur la vie d’une Église. Le Synode libanais de 1736 est le plus important des conciles maronites, qui fixa définitivement la discipline moderne de l’Église maronite, lui donnant en quelque sorte son aspect canonique actuel. Selon la tradition, l’Église maronite, dont le nom vient du saint fondateur de la communauté, saint Maron, faisait partie des Églises autocéphales. Persécutés par les Byzantins ainsi que par les Jacobites, les Maronites se sont réfugiés dans les montagnes du nord du Liban et se sont progressivement répandus dans tout le pays.
C’est après les Croisades que les liens de l’Église maronite avec le Siège de Rome, affirmés par la fondation du Collège maronite à Rome en 1584, se développent de manière continue. En 1736, le concile de Louaizé renforce la « latinisation » de l’Église maronite, qui conserve sa liturgie en syriaque et en arabe.
Il existe deux versions des Actes du Synode Libanais : l'une en arabe imprimée à Shuwayr (Mont Liban) en 1788, la seconde en latin imprimée à Rome en 1820. Les deux versions furent rédigées par l’orientaliste libanais Joseph Simon Assemani (1687-1768). Évêque catholique, il obtint l'approbation de sa version latine par le pape in forma specifica en 1741, tandis que son texte arabe était approuvé, après examen et amendement, par le Synode maronite dont il assumait conjointement la présidence.
L’exemplaire ci-contre appartenait à Jean-Joseph Marcel (1776-1854), directeur de l’imprimerie du Caire pendant la campagne d’Égypte de Bonaparte, puis directeur de l’Imprimerie nationale.
كتاب الرسائل المشتمل علي أعمال الرسول القديسين : و رسائل بولس الرسول و يعقوب و بطرس و يوحنا و يهودا كنائسيا يقرأ في القداس الهي يوما فيوما حسبما رتبه الآباء القديسون في الكنائس الشرقية
Le Livre des Épîtres contenant les Actes des Saints Apôtres : les Épîtres des Apôtres Paul, Jacques, Pierre, Jean et Jude, divisées comme elles se lisent à la messe, jour par jour, selon les arrangements des Saints Pères des Églises orientales
Les Épîtres sont les livres du Nouveau Testament qui suivent les quatre évangiles et les actes des apôtres. Ils regroupent les 14 épîtres de Paul, l'épître de Jacques, les deux épîtres de Pierre, les trois épîtres de Jean et l'épître de Jude.
Dans la préface, il est écrit : « Commencé d’imprimer par l'ordre des supérieurs au monastère de Saint-Jean-Baptiste appelé Shuwayr, au Mont Kesruwan, par les soins des moines réguliers de Saint Basile, de la nation grecque, melkites, en 1756. » Ensuite, les lectures des fêtes fixes, telles que définies dans le Menologion (Ménologe, calendrier liturgique byzantin des fêtes à célébrer chaque mois), sont imprimées à partir du mois de septembre (Aylūl), marquant ainsi le début de l’année liturgique.
Une étiquette sur la page de garde appartient à la célèbre typographie parisienne Maisonneuve et Compagnie, publiant en langues orientales. Son fondateur, Jean-Claude Maisonneuve (1813-1884), s'installe en 1849 sur le Quai Voltaire dans les anciens locaux de la maison d’édition en langues étrangères et librairie « À la Tour de Babel ». Il fait de son entreprise une maison d'édition orientaliste, connue des savants du tout-Paris.
Shuwayr, 1776 : l'excellence typographique
كتاب الانجيل الشريف الطاهر والمصباح المنير الزاهر: مقسما كنايسيا على مدار السنة حسب ترتيب الابا القديسين الشرقيين
Livre du saint Évangile noble et pur, flambeau resplendissant, divisé pour tout le cours de l’année suivant l’ordre des saints Pères orientaux
Ces sections des Évangiles sont destinées à être lues pendant le service religieux dans les églises de rite byzantin. Ces Épîtres comportent des gravures représentant les quatre Évangélistes et diverses ornementations.
Ces portraits s’inspirent des eaux-fortes exécutées par Crispin de Passe l’Ancien (1564-1637) d’après les images de Lucas van Leyden (1494-1533), très diffusées en Occident. Le décor typographique témoigne de la remarquable qualité de l’impression : toutes les pages sont encadrées par des règles doubles, les sections de textes sont précédées d'une ligne ornementale d'éléments floraux sur toute la largeur de la page, de nombreuses pages présentent des extrémités figuratives plus petites (roses, paniers, croix, ainsi que la Vierge à l'Enfant Jésus). Il est à noter que l’encre utilisée dans cette presse n’était pas diluée dans l’eau, permettant aux impressions de traverser le temps sans en subir les dommages.
Pour aller plus loin
En écho à cette exposition, une sélection d'ouvrages permet de découvrir l’histoire de l’imprimerie en caractères arabes ainsi que celle des chrétiens d’Orient et leur littérature, présentée du 27 mai au 8 juin 2024 à l'entrée de la bibliothèque.
Arabesque
Arab and Christian?
A contre-voie
Al-Quds
Arabic font specimen book 1
Al-H̱att al-ʿarabī
An introduction to Khalil Gibran
Arabic Christianity between the Ottoman Levant and Eastern Europe
L'exposition dans les médias
Journée d'étude internationale organisée en regard avec l'exposition « TYPARABIC : les premières imprimeries arabes chrétiennes d'Orient », dans le cadre du projet de recherche européen Early Arabic Printing for the Arabic-Speaking Christians Cultural Transfers between Eastern...
Nos intervenants
Responsable du projet européen Early Arabic Printing for the Arab Christians. Cultural Transfers between Eastern Europe and the Ottoman Near-East in the 18th Century (ERC 2019-AdG-TYPARABIC).
Membre du projet européen Early Arabic Printing for the Arab Christians. Cultural Transfers between Eastern Europe and the Ottoman Near-East in the 18th Century (ERC 2019-AdG-TYPARABIC).
Chargée de collections pour le domaine arabe